Oncologie
Cancer : une nouvelle association de traitements ciblés contre les résistances
Deux traitements ciblées, dirigés contre le cancer du sein et du poumon, pourraient être utilisés ensemble pour vaincre les résistances dans plusieurs types de tumeurs.
- SerhiiBobyk/istock
Lorsque le palbociclib, un inhibiteur CDK4/6 puissant contre le cancer du sein, est combiné au crizotinib, un inhibiteur de MET contre le cancer du poumon, la combinaison de deux médicaments est beaucoup plus efficace contre les cellules cancéreuses in vitro que les deux médicaments utilisés seuls.
Des chercheurs ont découvert que la résistance au palbociclib est souvent causée par une protéine ciblée par le crizotinib, ce qui justifie l'utilisation conjointe de ces deux médicaments. Cette découverte suggère également que l'approche combinée pourrait élargir l'utilisation clinique du palbociclib, et d'autres médicaments de la même classe, au-delà du seul cancer du sein pour inclure également de nombreux autres types de cancers. Cette étude prometteuse est publiée dans la revue Oncogene.
Avancée des inhibiteur CDK4/6
Le palbociclib fait partie d'un groupe d’anticancéreux actuellement utilisés pour traiter les patientes atteintes d'un cancer du sein à récepteurs hormonaux positifs, en bloquant la fonction de deux protéines, CDK4 et CDK6, qui favorisent la division cellulaire et la progression du cancer.
Le palbociclib a été décrit comme l'une des plus grandes avancées des 20 dernières années dans le cancer du sein. Cependant, les cancers peuvent devenir résistants au palbociclib en activant une molécule apparentée appelée CDK2, qui est capable de conduire la division cellulaire en l'absence de CDK4/6.
Bloquer la compensation à l’origine de la résistance
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont découvert que le CDK2 peut compenser l'inhibition du CDK4/6 dans les cellules cancéreuses par la signalisation via une voie de contrôle cellulaire impliquant les molécules clés, MET et FAK.
À la lumière de cette découverte, les chercheurs ont découvert que l'association d'inhibiteurs de CDK4/6 comme le palbociclib et le crizotinib, qui bloque l'activité du MET, crée un traitement beaucoup plus efficace que le médicament seul contre les cellules cancéreuses in vitro ou contre les tumeurs humaines qui se développent chez la souris.
Les agents ciblés agissent en synergie non seulement pour bloquer la division des cellules cancéreuses, mais aussi pour induire leur sénescence, un état dans lequel on pense que les cellules cessent de croître et de se diviser mais sans subir la mort cellulaire.
D’autres tumeurs
Les chercheurs ont obtenu des résultats prometteurs sur des cellules cancéreuses provenant de d’autres organes du corps, au-delà du sein et du poumon, par exemple dans l'intestin, indiquant qu'il est possible d'étendre l'utilisation clinique du palbociclib et d'autres inhibiteurs CDK4/6 pour en faire bénéficier un éventail plus large de patients.
Les chercheurs espèrent que leurs découvertes pourront être appliquées à l’homme et à la femme, d'abord en évaluant l'innocuité et l'efficacité de l'association d'inhibiteurs du CDK4/6, comme le palbociclib, avec des inhibiteurs de la MET, comme le crizotinib.
Il pourrait également être possible de mettre au point des tests de laboratoire pour déterminer quels patients bénéficieraient de l'utilisation du crizotinib de cette façon.
Et en regardant un peu plus loin vers l'avenir, les chercheurs soulignent la possibilité que la combinaison des inhibiteurs de la CDK4/6 avec des médicaments qui bloquent le FAK pourrait être encore plus efficace et plus généralisable, parce que le FAK est un élément critique dans le circuit cellulaire menant à l'activation non désirée du CDK2.
La capacité du cancer à s'adapter, à évoluer et à devenir résistant aux médicaments est le plus grand défi auquel les oncologues doivent faire face pour découvrir des traitements plus efficaces contre la maladie. Dans cette étude, l’objectif était de comprendre exactement comment se produit la résistance à une famille de médicaments importants comme les anti-CDK4/6 dans le cancer du sein, afin de pouvoir garder une longueur d'avance sur les résistances.








