Pneumologie
63 % des plus de 80 ans avec cancer bronchique stade III ne sont pas traités
Deux tiers des patients âgés de 80 ans et plus, atteints de cancer bronchique stade III n'ont pas eu de traitement et un quart a bénéficié d’une chimiothérapie concomitante à la radiothérapie, selon une étude publiée dans le JCO.
- olly18/epictura
Une étude rétrospective menée aux USA et publiée dans le JCO, a évalué l'impact des traitements sur la survie globale des patients de plus de 80 ans avec un cancer bronchique de stade III. Entre 2004 et 2013, 12641 patients, âge médian 83 ans, ont été inclus. Pour 6081 d'entre eux, le cancer était à un stade IIIA et 6623 patients étaient au stade 3B. Les critères pris en compte portaient sur la tumeur (histologie, grade, stade TNM), sur l'âge, le sexe, la race, la présence ou non de comorbidités, l'habitat et le type d'établissement de soins fréquenté. La dose de radiothérapie médiane était de 59,4 grays, la dose de chimiothérapie n'a pas été précisée. La survie médiane a été de 28,6 mois.
Forte disparité
Les résultats ont montré que 62,7% des patients n'ont pas bénéficié de traitement et qu'il s'agissait des patients d'âge élevé, d'origine afro-américaine, de faible niveau d'éducation, avec un adénocarcinome de stade 3B peu différencié. Une chimiothérapie concomitante a été administrée dans 28,2% des cas. Ces patients étaient de sexe masculin, avec peu de comorbidités et en habitat urbain.
Au total, la survie globale à 2 ans a été de 31% avec chimiothérapie concomitante, de 23% avec radiothérapie seule et de 7% sans traitement. Les résultats ont été ajustés en appariant 1153 patients avec chimiothérapie et radiothérapie à 1153 patients sans traitement. Le grade ratio a été de 1,58 avec une survie globale à 2 ans de 33,4% avec traitement et de 25,2% sans traitement.
Bénéfice de la chimiothérapie séquentielle chez les personnes âgées
Les résultats montrent que la chimiothérapie et la radiothérapie concomitante apportent un réel bénéfice, mais pour Didier Debieuvre, onco pneumologue au GHR de Mulhouse, le traitement séquentiel est mieux adapté chez les patients de plus de 80 ans. La chimiothérapie concomitante est toxique et peut être délétère. Chez les patients âgés, il faut tenir compte des facteurs de risque notables présents et privilégier la chimiothérapie-radiothérapie séquentielle quand cela est possible. D'autre part, le caractère rétrospectif de l'étude n'a pas permis d'évaluation de la qualité de vie des patients.
En conclusion, pour Didier Debieuvre, ce n'est pas parce que les patients ont plus de 80 ans qu'il ne faut pas les traiter. Le confort de vie est à privilégier, en tenant compte des comorbidités, des facteurs de risque et des souhaits du patient et de son entourage, en favorisant un traitement séquentiel. L'efficacité de l'immunothérapie chez les sujets âgés sur la survie et la qualité de vie est à évaluer en raison de sa moindre toxicité, mais les patients de plus de 80 ans sont encore sous-représentés dans les études sur le sujet.









