Dermatologie
Sclérodermie : déséquilibre du microbiote intestinal associé aux troubles digestifs bas
Les malades souffrant de sclérodermie systémique ont un microbiote intestinal déséquilibré avec plus de bactéries pro-inflammatoires et moins de bactéries anti-inflammatoires.
- Epictura/Lighthunder
Les malades souffrant de sclérodermie systémique auraient une plus grande proportion de bactéries à même de provoquer une inflammation et moins de bactéries censés protéger contre l'inflammation, par rapport aux personnes en bonne santé. C’est ce qui ressort de l’analyse de 2 cohortes de malades souffrant de sclérodermie, une américaine et une norvégienne, et d’une cohorte témoin, dans une étude menée par des chercheurs de UCLA et de l'Université d'Oslo.
Par rapport aux malades norvégiens, les malades des Etats-Unis ont un plus grand déséquilibre entre les bactéries intestinales pro-inflammatoires et les anti-inflammatoires. Les chercheurs pensent que la différence pourrait résulter d'une combinaison de facteurs génétiques et alimentaires.
Une étude avec 2 cohortes différentes
Les chercheurs ont étudié 17 adultes atteints de sclérodermie à UCLA, 17 suivis à l'hôpital universitaire d'Oslo et 17 adultes en bonne santé (en tant que groupe témoin). Tous les participants ont fourni des échantillons de selles, que les chercheurs ont testé pour déterminer le type et l'abondance de bactéries spécifiques présentes.
Les malades souffrant de sclérodermie ont des proportions significativement plus faibles de bactéries intestinales qui protègent traditionnellement contre l'inflammation, telles que Bacteroides (UCLA et Oslo), Faecalibacterium (UCLA) et Clostridium (Oslo). Ils ont également des niveaux significativement plus élevés de bactéries qui favorisent l'inflammation, comme Fusobacterium (UCLA), par rapport à ceux du groupe témoin.
Une proportion plus élevée de Clostridium est, par ailleurs, associée à des symptômes gastro-intestinaux moins sévères chez les malades atteintes de sclérodermie de l'UCLA et d'Oslo.
En pratique
Cette étude est la première à examiner en détail la composition bactérienne du microbiote intestinal dans 2 groupes indépendants de malades souffrant de sclérodermie systémique, et par comparaison à un groupe témoin.
La sclérodermie systémique est une maladie auto-immune avec une inflammation chronique qui affecte en particulier le tissu conjonctif et se traduit par une sclérose de la peau, des reins, du cœur, des poumons et une atteinte du tractus gastro-intestinal. Les symptômes gastro-intestinaux sont retrouvés chez 90% des malades souffrant de sclérodermie. Si la pathogénèse des troubles de l’appareil digestif supérieur est en rapport avec la sclérose, celle des troubles de l’appareil digestif bas est inconnue.
Des recherches antérieures, menées à UCLA, avaient établi un lien entre la maladie et le déséquilibre du microbiote intestinal. Cette étude suggère que ce déséquilibre du microbiote intestinal pourrait contribuer aux symptômes digestifs bas de la sclérodermie et que ces troubles seraient associés à des profils bactériens très spécifiques.
Ils suggèrent également que la restauration de l'équilibre bactérien intestinal par la modification du régime, la prise de probiotiques et, éventuellement, la transplantation fécale, pourraient réduire les symptômes digestifs bas et améliorer la qualité de vie des malades.








