Psychiatrie

Dépression et réseaux sociaux : près de 600.000 cas chez les ados

Consulter les réseaux sociaux de manière excessive est associé à 590.000 cas supplémentaires de trouble dépressif chez les jeunes nés entre 1990 et 2012.

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  • 08 Novembre 2025
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    On le sait : les réseaux sociaux occupent une place de plus en plus importante dans la vie des adolescents. En effet, le temps passé sur ces plateformes a rapidement augmenté et était estimé à 2h12 par jour en moyenne en 2021.

    En parallèle, la prévalence annuelle de la dépression caractérisée chez les adolescents a fortement augmenté ces dernières années, passant de 2 % en 2014 à 9 % en 2021, selon des chercheurs du service de psychiatrie de l’hôpital Corentin-Celton AP-HP, de l’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’Institut de psychiatrie et neuroscience de Paris. Cela "soulève des inquiétudes quant à la contribution potentielle des réseaux sociaux à la dépression."

    590.000 cas supplémentaires de dépression à cause de l’utilisation des réseaux sociaux

    Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Plos Medicine, l’équipe a voulu déterminer si l'utilisation excessive des réseaux sociaux contribuait à l'augmentation des taux de dépression chez les adolescents. Pour cela, elle a développé un modèle de micro-simulation fondé sur les données démographiques françaises de 18,6 millions d’adolescents nés entre 1990 et 2012 et suivis entre 2000 et 2022. "Le modèle intégrait 95 paramètres, notamment des données démographiques, les habitudes d'utilisation des réseaux sociaux et les facteurs de risque de dépression établis (adversités pendant l'enfance, maladies physiques chroniques, sédentarité, obésité, consommation de substances)."

    Les résultats ont montré que l’usage excessif des réseaux sociaux jouait un rôle important dans l'augmentation récente des taux de dépression chez les jeunes. Chez les adolescents français, les simulations ont indiqué la sur-utilisation des plateformes était associée à 590.000 cas supplémentaires de dépression cumulés au cours de leur vie, 799 décès par suicide supplémentaires, 137.000 années de vie en bonne santé perdues et 3,94 milliards d’euros de coûts économiques et sociaux liés à ces troubles.

    Des pistes de prévention

    Ensuite, les scientifiques ont voulu évaluer les stratégies d'atténuation potentielles. Ils estiment que limiter l'utilisation des réseaux sociaux à une heure par jour pour tous les adolescents, remplacer 30 minutes d'utilisation des réseaux sociaux par 30 minutes d'activité physique ou arrêter complètement leur usage pour les jeunes les plus exposés au risque de dépression serait associé à une réduction de la prévalence de la dépression au cours de la vie de 14,7 %, 12,9 % et 12 %, respectivement, et à une diminution des coûts associés.

    "À noter, toutefois, que cette micro-simulation ne permet pas d’établir un lien causal direct et repose sur des mesures d'exposition basées uniquement sur la durée d'utilisation, sans capturer le type de contenu consulté ou la nature de l'interaction entre utilisation active et passive. Elle représente néanmoins le plus haut niveau de preuve scientifique accessible pour étudier cette question, les essais cliniques randomisés à long terme n'étant pas réalisables pour des raisons éthiques et logistiques", ont conclu les auteurs.

     

     

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