Les personnes souffrant de fibrillation atriale sont plus à risque d'être gravement handicapées ou de mourir d'un accident vasculaire cérébral. Le projet européen AFFECT-EU ouvre la voie à des programmes de dépistage de la fibrillation atriale ciblés, faisables en consultation de médecine générale, augmentant le nombre de nouveaux diagnostics et rentables pour la société.

La fibrillation atriale est le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent dans le monde avec un nombre d'adultes de plus de 55 ans, souffrant de cette pathologie qui devrait plus que doubler en Europe, passant de 8,8 millions en 2010 à 17,9 millions d'ici 2060. Les personnes souffrant de fibrillation atriale sont jusqu'à cinq fois plus susceptibles d'être victimes d'un accident vasculaire cérébral que les personnes en bonne santé.

Selon les résultats du projet AFFECT-EU, les personnes qui ont un risque de fibrillation atriale, telles que celles avec un âge élevé, une obésité, une hypertension artérielles, ouffrant d'insuffisance cardiaque ou ayant déjà subi un accident vasculaire cérébral, devraient subir un test de dépistage de cette maladie à chaque fois qu'elles se rendent à une consultation médicale.

Une population à risque mieux identifiée

Une analyse réalisée par les membres du projet a démontré que le dépistage permet de réduire les coûts liés aux accidents vasculaires cérébraux, quelle que soit la méthode utilisée (opportuniste ou ciblée). Les membres du projet ont ensuite mis au point un calculateur d'analyse d'impact budgétaire qui peut être utilisé par les organismes de réglementation sanitaire et les payeurs pour estimer l'impact financier de la mise en œuvre d'un programme de dépistage sur une période de cinq ans.

En ce qui concerne les personnes qui ont un risque élevé de fibrillation atriale ou d'accident vasculaire cérébral et devant donc faire l'objet d'un dépistage, les études menées par les membres du consortium ont identifié les facteurs de risque suivants : âge élevé, obésité, hypertension artérielle et taux sanguin élevé de peptide natriurétique de type N-terminal pro B (NT-proBNP), qui est couramment testé pour diagnostiquer l'insuffisance cardiaque.

Un dépistage systématique rentable sur la population à risque

Le projet AFFECT-EU, d'une durée de quatre ans et financé par l'Union européenne, a réuni des professionnels de la santé, des représentants des patients, des payeurs et des industriels au sein d'un consortium de 26 partenaires, dont la Société européenne de cardiologie (ESC), afin de définir une stratégie de dépistage de la fibrillation atriale réalisable par les systèmes de santé de toute l'Europe, dans le but ultime de prévenir les accidents vasculaires cérébraux ultérieurs et les décès prématurés.

La capacité du dépistage de la fibrillation atriale à réduire les accidents vasculaires cérébraux a été identifiée par le consortium dans une méta-analyse portant sur 35 836 participants. Une autre étude menée par le consortium dans 11 pays européens a révélé qu'il n'existait pas de programmes nationaux de dépistage et que la plupart des cas de fibrillation atriale étaient détectés chez des patients souffrant de symptômes. Dans une enquête menée par le groupe dans 18 pays européens, les médecins généralistes ont déclaré que le dépistage de la fibrillation atriale était presque aussi important que le dépistage des cancers courants.

Changer le pronostic de la fibrillation atriale

Le professeur Renate Schnabel, de l'hôpital universitaire de Hambourg-Eppendorf (Allemagne), coordinateur scientifique de l'étude, a déclaré : « Le dépistage de la fibrillation atriale est une question de santé publique : le dépistage systématique permet d'identifier une fibrillation atriale non diagnostiquée afin que la pathologie puisse être prise en charge conformément aux recommandations, y compris la mise en place d'un traitement anticoagulant pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux ».

AFFECT-EU a conclu que le dépistage opportuniste, où les groupes à risque sont dépistés lorsqu'ils entrent en contact avec le système de santé, ainsi que le ciblage des patients présentant un risque particulier, peuvent constituer une manière productive et rentable de mettre en œuvre le dépistage à travers l'Europe.

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