Cardiologie

Cardiomyopathie hypertrophique : l’activité intense pas toujours contre-indiquée

L’activité physique intense ne serait pas associée à une majoration du risque d’arythmie ventriculaire ni de mortalité chez les personnes porteuses de cardiomyopathie hypertrophique.

  • Dr_Microbe/istock
  • 23 Mai 2023
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    Une étude incluant plus de 1660 participants souffrant de cardiomyopathie hypertrophique (CMH) montre que ces patients qui effectuent des exercices physiques intenses n’auraient pas une mortalité plus élevée, ni une hausse de l’incidence de l’arythmie ventriculaire. L’étude est publiée dans le JAMA Cardiology.

    La cardiomyopathie hypertrophique est une maladie héréditaire rare qui touche 1 personne sur 500 dans le monde. Elle est associée à des morts subites chez beaucoup d’adultes jeunes. C’est pour cette raison que, jusqu’à maintenant, en l’absence de données scientifiques, les recommandations visaient à limiter tout exercice physique pour la majorité des personnes atteintes de CMH.

    Une étude de cohorte prospective…

    Cette étude de cohorte prospective a inclus 1660 personnes, dont 60 % d’hommes (996), recrutés dans 42 centres CMH aux Etats-Unis et dans d’autres pays, du 18 mai 2015 au 25 avril 2019. Elle s’est achevée le 28 février 2022. Ils ont été répartis en fonction de leur activité physique : sédentaire, modérée ou vigoureuse.

    Les patients étaient âgés de 8 à 60 ans (moyenne de 39 ans) et avaient reçu un diagnostic de CMH ou étaient porteurs du gène de la CMH (génotype positif sans hypertrophie ventriculaire gauche (phénotype négatif)) et ne présentaient aucune contre-indication à l'exercice physique.

    Parmi les 1660 participants, 252 (15 %) ont été classés, sur les bases d’un questionnaire rempli par le patient, comme sédentaires, 709 (43 %) ont participé à des exercices modérés et 699 (42 %) à des exercices d’intensité élevée (dont 259 a des compétitions). Les critères d’évaluation comprenaient le décès, l’arrêt cardiaque réanimé, la syncope arythmique et le choc approprié d’un défibrillateur cardiaque.

    Pas de signe délétère associé à l’activité physique intense

    Les personnes pratiquant une activité physique intense n'ont pas connu un taux d'événements plus élevé que le groupe des personnes n'ayant pas pratiqué une activité physique intense.

    Les résultats de cette étude suggèrent que les personnes atteintes de CMH ou ayant un génotype positif avec phénotype négatif, suivies dans des centres spécialisés, et qui pratiquent de activités physiques intensives ne sont pas plus à risque de décès ni d’arythmie graves que les individus qui font de l’exercice de façon modérée ou ceux qui sont sédentaires.

    Vers un assouplissement des recommandations ?

    Ces éléments sont un atout pour les échanges médecins-patient concernant les possibilités d’activité physique, permettant d’éviter ainsi des restrictions inutiles. Comme l’a confirmé,

    lors du communiqué de presse du 17 mai 2023, le Dr Rachel Lampert, professeur de médecine à la Yale School of Medicine à New Haven, l'un des principaux auteurs de l'étude, et cardiologue expert en arythmies dans la CMH : « Sur la base de ces données, nous apprenons qu'il n'est pas nécessaire d'interdire universellement aux patients atteints de CMH de pratiquer des exercices physiques vigoureux, ce qui est si important pour nous tous ». Tout en précisant que : « Les personnes atteintes de cette maladie devraient consulter un professionnel de la santé spécialisé dans la CMH pour savoir si elles peuvent retourner sur le terrain, dans la piscine et sur le court, si c'est ce qu'elles veulent faire » et « qu’obtenir une évaluation par un expert est essentiel pour déterminer le degré de risque pour tous les patients atteints de CMH, et crucial avant de reprendre un sport de loisir ».

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    JDF