1 million de participantes

Espérance de vie : les soucis n'augmentent pas la mortalité

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le stress et le chagrin n'ont pas d'effet direct sur la mortalité et ne réduiraient donc pas l'espérance de vie. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • PureStock/SIPA
  • 10 Déc 2015
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    Le bonheur ou la tristesse n’auraient pas d’impact direct sur la mortalité, révèle une étude britannique publiée ce mardi dans la revue The Lancet. Une conclusion qui va à l’encontre de nombreux travaux précédents.

    « La maladie vous rend malheureux, mais cette tristesse elle-même ne vous rend pas malade. Nous n’avons trouvé aucun effet direct du mal-être ou du stress sur la mortalité », explique la responsable de l’étude, Dr Bette Liu de l’université de la Nouvelle-Galles-du-Sud en Australie.

    Pour les besoins de leurs travaux, les chercheurs ont analysé les données de santé d’un million de femmes britanniques durant 10 ans. Au cours de ce suivi, 30 000 femmes sont décédées de cancers, pathologies cardiaques ou accidents. Comme pour les études précédentes, le mal-être est significativement associé au sentiment de déception, au tabagisme, au manque d’exercice et au célibat.

    Cependant, l’association la plus forte était observée chez les femmes déjà en mauvaise santé. En effet, elles ont plus tendance que les autres à se dire malheureuses, stressées et expriment un manque de maîtrise d’elles-mêmes.

    Confusion entre cause et effet

    Après avoir pris en compte les différences de modes de vies et d'état de santé des participantes, les taux de mortalité parmi les femmes malheureuses sont le même que celui des femmes heureuses.

    Pour les chercheurs, ce sont les maladies graves et potentiellement mortelles qui provoquent le chagrin, et c’est pour cette raison que ce sentiment est associé à une mortalité accrue. « Beaucoup de gens pensent que le stress et la tristesse peuvent être directement responsables d’une maladie, mais ils confondent simplement la cause et l’effet, relève le Pr Richard Peto de l’université d’Oxford. Bien évidemment, les personnes malades sont plus malheureuses que les bien portantes mais cette étude montre que ni le bonheur ni le malheur n’ont d’effet direct sur le taux de mortalité ».

    Dans un commentaire associé à ces travaux, deux médecins français de l’Institut du Vieillissement à Toulouse, le Dr Philippe de Souto Barreto et le Pr Yves Rolland, indiquent que ces résultats sont robustes et apportent des informations précieuses sur la santé, le bonheur et la mortalité. Ils appellent également à reproduire ces travaux lors d’essais cliniques randomisés afin d’effectuer des comparaison entre hommes et femmes ainsi qu’entre tranches d’âge. « Les études interculturelles pourraient apporter un éclairage sur la généralisation d’interventions pour promouvoir le bonheur », jugent-ils.

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    JDF