Diabète, Parkinson...
Un rythme de sommeil irrégulier serait lié à 83 maladies, selon une étude
Des chercheurs affirment que l’irrégularité du sommeil nuit bien plus à la santé que sa durée, en augmentant spécifiquement le risque de dizaines de maladies chroniques comme le diabète ou Parkinson.

- Par Stanislas Deve
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Et si le vrai danger n’était pas d’être un petit ou un gros dormeur, mais un mauvais dormeur ? Pendant des décennies, les scientifiques ont alerté sur les dangers du "trop dormir", associant un sommeil prolongé à des maladies cardiaques, à la dépression et à une mort prématurée. Mais une vaste étude, publiée récemment dans Health Data Science, remet ces avertissements en question, en pointant une erreur fondamentale : nous sommes très mauvais pour estimer notre temps de sommeil.
Le rythme du sommeil, clé sous-estimée de la santé
Dans le cadre de cette recherche, près de 90.000 adultes issus de la UK Biobank ont porté pendant une semaine un actimètre, un outil qui enregistre et analyse les données de sommeil. Leur santé a ensuite été suivie pendant presque sept ans. Résultat : 22 % des participants qui affirmaient dormir plus de huit heures par nuit ne dormaient en réalité que six heures ou moins. Ce décalage a biaisé de nombreuses études antérieures fondées sur des déclarations subjectives, entretenant l’idée fausse que dormir longtemps était néfaste.
"Quand les chercheurs ont examiné les vrais gros dormeurs – ceux qui déclaraient ET montraient objectivement un sommeil long – les risques supposés pour la santé disparaissaient en grande partie", explique le Dr Qing Chen, de l’Université médicale militaire de Chongqing, en Chine, dans un communiqué.Au-delà de la durée, les chercheurs ont donc examiné le rythme du sommeil : sa régularité, sa fragmentation (nombre de micro-réveils nocturnes) ou encore sa "robustesse" générale. Ils ont pu lier ces différents aspects à un total de 83 maladies. Les résultats sont frappants : des rythmes de sommeil désynchronisés triplent le risque de fragilité physique liée à l’âge et doublent celui de gangrène. "Jusqu'à 37 % du risque de Parkinson, 36 % du diabète de type 2 et 22 % de l’insuffisance rénale aiguë pourraient être attribués à un sommeil déstructuré", sans compter le risque de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), précisent les auteurs.
Le rôle de l’inflammation chronique
Le rythme du sommeil s’avèrerait donc plus prédictif de maladies et de mort précoce que sa durée. Comment l’expliquer ? L'étude suggère que l'inflammation chronique pourrait être la passerelle entre un sommeil perturbé et toutes ces maladies, via des marqueurs comme les globules blancs ou la protéine C-réactive. Ces troubles du sommeil semblent donc alimenter des processus pathologiques dans tout l’organisme.
Cette recherche est une nouvelle preuve que les recommandations actuelles, focalisées sur la durée du sommeil, sont insuffisantes. Se coucher à des heures irrégulières, même en dormant huit heures, peut nuire à long terme. "Le véritable problème, c’est que nous ignorons combien nous dormons réellement", concluent les chercheurs.