Oncologie
Cancer du pancréas : un risque génétique identifié
Des gènes facilitent le développement et la propagation des tumeurs du pancréas, comme l'adénocarcinome canalaire pancréatique.

- Par Mégane Fleury
- Commenting
- ronstik/istock
En 2023, 16.000 cas de cancers du pancréas ont été diagnostiqués en France. "L’incidence du cancer du pancréas est en nette progression depuis les années 1990, sans raison clairement identifiée jusqu’à présent, alerte l’Institut Curie. La compréhension des causes de cette augmentation de l’incidence constitue donc un pan important de la recherche à l’échelle mondiale." Aux États-Unis, une équipe de l’Université de Californie - San Diego a récemment identifié l’une des explications au développement de ces tumeurs. Dans Cell Reports, ils expliquent avoir découvert le rôle d’un gène, qui permet aux cellules cancéreuses de progresser.
Cancer du pancréas : un lien entre l’inflammation, le stress cellulaire et le développement des tumeurs
"L'inflammation et le stress cellulaire, tels que l'hypoxie et le stress oxydatif, sont intrinsèques aux microenvironnements tumoraux et sont particulièrement répandus dans l'adénocarcinome canalaire pancréatique (PDAC), préviennent-ils. Il est important de noter que le stress et l'inflammation favorisent tous deux l'initiation, la progression et la résistance aux médicaments des tumeurs." Dans des études précédentes, il a été démontré que le stress cellulaire et l'inflammation activent une protéine appelée STAT3 (transducteur de signal et activateur de la transcription 3) dans les cellules pancréatiques, "favorisant ainsi l'initiation tumorale, l'adaptation au stress et la résistance au traitement", indiquent les auteurs au début de leur étude. "Le mécanisme par lequel STAT3 accomplit ce processus était jusqu'à présent inconnu."
Un groupe de gènes associé au développement de la tumeur du pancréas
Dans ces travaux récents, ils ont découvert que STAT3 est capable d'activer des gènes spécifiques essentiels à l'adaptation au stress et à l’inflammation. "En présence de protéines inflammatoires et de stress induit par de faibles niveaux d’oxygène, STAT3 activait un gène appelé intégrine β3 (ITGB3) dans des cellules pancréatiques murines et humaines", expliquent-ils. L’expression de ce gène favorisait l’apparition des tumeurs de type PDAC et leur développement. "L’inflammation et le stress cellulaire causés par la chimiothérapie activaient également STAT3, augmentant l’expression d’ITGB3 dans les cellules PDAC", complètent les chercheurs américains. À l’inverse, lorsque les scientifiques ont bloqué la protéine STAT3, cela a permis de retarder l’apparition de la tumeur. Ils ont constaté qu’elle est liée à l’expression de 10 gènes, dont ITGB3. Pour désigner la signature génétique de ces différents gènes, ils ont utilisé le terme STRESS.
Cancer du pancréas : mieux prédire son évolution
"Comparée aux signatures génétiques existantes, la signature STRESS permettait de mieux prédire non seulement l’évolution ultérieure des cellules vers un cancer du pancréas à part entière, mais aussi l’agressivité de la tumeur", observent-ils. Selon eux, ces résultats pourraient permettre de développer des outils pour identifier les patients les plus susceptibles de développer des cancers agressifs, mais aussi d’évaluer leur future réponse aux traitements. En parallèle, les chercheurs continuent de travailler sur le gène ITGB3 afin de mieux comprendre ses liens avec l’inflammation dans le cancer du pancréas et dans d'autres cancers affectant la surface des tissus, notamment les cancers du poumon, du sein et de la peau.