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Cancer des testicules : le point sur une maladie masculine méconnue

Tous les mois de novembre, le mouvement Movember invite les hommes du monde entier à se laisser pousser la moustache pour mobiliser l'opinion publique sur les maladies masculines, dont le cancer des testicules. Pourquoi Docteur fait le point sur cette maladie méconnue qui touche pourtant de plus en plus d'hommes jeunes. 

  • Par Raphaëlle de Tappie
  • Chinnapong/iStock
  • 31 Oct 2019
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    C’est bientôt Movember. Chaque année au mois de novembre, la fondation Movember Foundation Charity invite les hommes du monde entier à se laisser pousser la moustache afin de sensibiliser l’opinion publique et de lever des fonds dans la recherche des maladies masculines telles que le cancer de la prostate ou des testicules. Depuis 2003 où il a été lancé, le mouvement a pris de plus en plus d’ampleur, notamment grâce aux réseaux sociaux, et la Fondation aurait récolté environ 465 millions d'euros. Mais si chacun a déjà entendu parler du cancer de la prostate, le plus diagnostiqué chez l’homme, celui des testicules demeure largement méconnu. Pourquoi Docteur fait le point.                                                                                                                             

    Qui est touché par le cancer des testicules ?

    Si le cancer des testicules ne représente que 1 à 2% des cancers masculins dans le monde, il représente toutefois près d’un tiers des cancers de l’homme jeune (moins de 40 ans). En France, environ 2 000 personnes sont diagnostiquées chaque année.

    Quelles formes ce cancer peut-il prendre et quels traitements sont-ils proposés ?   

    La très grande majorité (90%) des tumeurs des testicules sont des tumeurs germinales malignes soit des tumeurs issues de la transformation de cellules primitives, destinées à donner les spermatozoïdes. Parmi elles, 40% sont des tumeurs séminomateuses qui réagissent à la radiothérapie. Les tumeurs non séniomateuses en revanche sont plus agressives car non sensibles aux rayons et touchent davantage les hommes jeunes. 

    Si la maladie est dépistée de manière précoce, son pronostic est très bon. “Le taux de guérison atteint 95% pour les tumeurs localisées et il est même de 70 à 80% lorsqu’il y a des métastases”, assure Arnaud Roth, responsable de l’unité des tumeurs digestives au service d’oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) en Suisse au site Planet Santé. Le traitement passe toujours par l’ablation chirurgicale de la glande génitale affectée. “C’est la règle, car le testicule atteint reste un sanctuaire de cellules cancéreuses. S’il n’est pas ôté, il y a un important risque de récidive”, explique le spécialiste. Cette intervention est simple et ne requiert qu’une courte hospitalisation. Après quoi, les hommes peuvent se faire poser une prothèse s’ils le souhaitent. Si le cancer est plus agressif on aura également recours à une chimiothérapie et parfois une radiothérapie.

    Quels sont les symptômes ?  

    La plupart du temps, le cancer des testicules ne provoque pas de douleur et se manifeste surtout par la présence d’une masse dure dans le testicule malade. Arnaud Roth recommande donc aux hommes de se palper “une fois tous les un ou deux mois sous la douche, car sous l’eau chaude, le scrotum est plus détendu” . En cas de doute, rendez-vous chez le médecin au plus vite, conseille-t-il.

    Quels facteurs de risque les chercheurs envisagent-ils ?

    A l’heure actuelle, le seul facteur de risque officiellement reconnu par les chercheurs est la cryptorchidie ou l’absence de descente spontanée de l’un ou des deux testicules dans leur position normale. Auquel cas, il est très important d’intervenir avant la puberté pour faire descendre le testicule incriminé. D’après certains médecins, des facteurs familiaux seraient également en cause car le risque semble plus élevé quand le père ou un frère est atteint du cancer des testicules. Les spécialistes divergent toutefois sur le sujet.  

    Autre facteur de risque de plus en plus envisagé par la science : l’environnement. En effet, depuis la moitié du XXe siècle, le nombre de cas de cancer des testicules augmente dans tous les pays industrialisés (+2,5% en France entre 1980 et 2005), surtout les pays nordiques. De nombreux spécialistes pointent donc du doigt les produits chimiques tels que les pesticides ainsi que les métaux rejetés par l’industrie ou certaines matières plastiques. Car ces substances pourraient agir comme des perturbateurs endocriniens, soit des produits qui bloquent ou imitent l’action des hormones.

    Deux études de grande ampleur ont notamment déjà observé une augmentation de l’incidence du cancer des testicules chez les fils d’agriculteurs ayant utilisé de fortes quantités d’engrais et chez les applicateurs de pesticides. Elles doivent toutefois être validées par d'autres essais. Les chercheurs veulent par ailleurs se concentrer sur l’exposition pendant la vie utérine et la période pubertaire doit en particulier être investiguée.

    Enfin, il a aussi été observé que les personnes nées à l’étranger gardaient un taux d’incidence similaire à celui de leur pays d’origine tandis que leurs descendants présentaient un taux similaire à celui de leur pays d’accueil.

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    JDF