Pyélonéphrite : une infection urinaire à prendre au sérieux

Publié le 15.06.2022
Mise à jour 15.06.2022
Pyélonéphrite : une infection urinaire à prendre au sérieux
Victor Yee/iStock

Une pyélonéphrite est une infection due à une bactérie qui touche le rein. Elle survient le plus souvent après une infection des voies urinaires basses - c’est-à-dire de la vessie -, ou « cystite », qui n'a pas pu être correctement soignée. Un traitement antibiotique est à prendre rapidement pour éviter des complications, surtout en cas de grossesse.

La pyélonéphrite : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

La pyélonéphrite est composée de l'association du mot « pyélon » qui définit le bassinet, la cavité du rein qui recueille les urines, se situant à la sortie du rein, afin de les diriger vers la vessie. Une infection du bassinet est une « pyélite » et une infection ou une inflammation du rein est une « néphrite ». La pyélonéphrite est donc une infection du bassinet ou du tissu rénal.
Le rein est relié à la vessie par les « uretères ».
Le terme infection urinaire est un terme global qui regroupe toute infection de l'appareil urinaire : la vessie (« cystite »), le rein (« pyélonéphrite ») et la prostate chez l'homme (« prostatite »).

Qu'est qu'une pyélonéphrite ?

Une pyélonéphrite est une infection du rein par une bactérie. Dans la majorité des cas, la bactérie en cause appartient au groupe des entérobactéries, bactéries qui se développent normalement dans l'intestin. La plus fréquente parmi elles est la bactérie Escherichia coli (70 à 80 % des cas). La pyélonéphrite est généralement aiguë et fait suite à une infection urinaire basse, non ou mal traitée. La pyélonéphrite peut être chronique, en rapport avec des anomalies anatomiques des voies urinaires, et généralement observée dès la petite enfance (« reflux urétéro-rénal »).

Quels sont les signes de la pyélonéphrite ?

Les signes de la pyélonéphrite associent les signes d'infection urinaire simple : envies fréquentes (« pollakiurie ») et urgentes d'uriner, brûlures urinaires, à de la fièvre (supérieure à 38°5 C), des douleurs dans le milieu du dos (« fosses lombaires » sous les dernières côtes) d’un seul côté et parfois des frissons. Les douleurs peuvent irradier vers le bas, vers les organes génitaux externes.
A cela peut s'associer de sang (« hématurie ») ou de pus (« pyurie ») dans les urines, qui deviennent malodorantes, ainsi que des troubles digestifs.
En cas de pyélonéphrite chronique, la fièvre et les douleurs peuvent manquer.
Chez la personne âgée, les signes sont parfois remplacés par une franche et brutale altération de l’état général, avec confusion mentale et douleurs du ventre. Chez le petit enfant, ce sera plutôt une fièvre inexpliquée, une perte de poids, des douleurs du ventre, des pleurs lors de l’émission d’urines qui seront troubles, un refus du biberon et des vomissements.

Quelles sont les causes des pyélonéphrites ?

La pyélonéphrite est due à infection par une bactérie. Celle-ci peut infecter le rein par voie ascendante, en remontant de la vessie par les uretères, à la suite d'une infection urinaire simple (cystite), non ou mal traitée.
Elle peut également se développer en raison d’une stase des urines dans le rein en raison d’un calcul, d’un rétrécissement des uretères (« sténose urétérale ») ou d’une tumeur.
La pyélonéphrite peut être en rapport avec un reflux des urines dans le bassinet, en rapport avec une anomalie anatomique des voies urinaires.

Qui peut avoir une pyélonéphrite ?

Tout le monde peut un jour avoir une pyélonéphrite. Cependant les personnes les plus touchées sont les femmes. Contrairement aux hommes, le tuyau qui permet l’évacuation de la vessie (« urètre ») est très court et des bactéries situées sur le périnée et la vulve peuvent facilement le remonter pour infecter la vessie, puis le rein si l'infection n'est pas prise à temps. La pyélonéphrite est beaucoup plus rare chez l'homme, du fait de la longueur de l’urètre, mais elle peut survenir en cas d’infection de la prostate (« prostatite ») que l’urètre traverse avant d’atteindre la vessie.
Chez les femmes, les périodes les plus à risque sont le début de la vie sexuelle, la grossesse et l'après ménopause. Les infections sont également plus fréquentes chez les personnes diabétiques ou qui ont une anomalie des voies urinaires.
Les spécificités anatomiques et hormonales liées à la grossesse augmentent le risque que des bactéries apparaissant dans les urines remontent jusqu’aux reins. La pyélonéphrite au cours de la grossesse fait courir un risque pour la mère (infection grave) et l’enfant (transmission de l’infection, accouchement prématuré). C’est pourquoi les infections urinaires seront régulièrement recherchées (à chaque consultation par un examen à la bandelette).

Quelles sont les complications des pyélonéphrites ?

En l'absence de traitement, la pyélonéphrite peut vite se compliquer d’une extension de l’infection et de lésions du rein. C'est pourquoi il est indispensable de consulter rapidement un médecin lors de l'apparition des symptômes et ne pas chercher à s'automédiquer. L'infection peut se généraliser et passer dans le sang, on parle alors de « sepsis grave » ou « septicémie », et infecter d'autres organes.
L'infection peut aussi se compliquer localement avec le développement d'un abcès rénal ou péri-rénal. Ces complications correspondent à une aggravation de l'infection avec présence de pus au niveau ou autour du rein.
Une prise en charge précoce permet d'éviter le plus souvent ces complications, qui surviennent préférentiellement chez les personnes fragiles.

La pyélonéphrite : DIAGNOSTIC

Quand faut-il évoquer une pyélonéphrite ?

Il faut évoquer une pyélonéphrite devant l'association de signes d'infection urinaire (brûlures lors des mictions, envie fréquente d'uriner, sang dans les urines) à une douleur du milieu du dos et de la fièvre ou des frissons.
Toute infection urinaire qui s’accompagne de fièvre est une pyélonéphrite jusqu’à preuve du contraire. En cas de symptômes de ce type, il est urgent de consulter un médecin pour avis.
En cas de pyélonéphrite chronique, la fièvre et les douleurs peuvent manquer.

Comment diagnostiquer une pyélonéphrite ?

Le diagnostic est évoqué devant les symptômes urinaires fonctionnels associés à de la fièvre et des douleurs du milieu du dos.
Pour le confirmer, le médecin réalisera pour commencer un examen des urines appelé bandelette urinaire.
Si celle-ci est positive, c'est-à-dire qu'elle indique une probable infection des urines, un test plus poussé d'analyse des urines sera effectué : l'ECBU ou examen cytobactériologique des urines. Il permet de confirmer l'infection (bactéries, globules rouges et globules blancs en quantité dans les urines) et de déterminer la bactérie en cause.
Un antibiogramme sera systématiquement réalisé afin de vérifier la sensibilité à différents antibiotiques de la bactérie responsable. L’antibiogramme revient au bout de 24 à 48 heures (culture des bactéries), ce qui permet éventuellement d’ajuster le traitement antibiotique qui aura été instauré dès l’ECBU prélevé.
Une prise de sang peut aussi être effectuée pour rechercher une élévation des marqueurs de l'infection (NFS avec hyperleucocytose) et une CRP élevée, ainsi qu’une une souffrance du rein (créatininémie et clairance de la créatinine). Des hémocultures sont réalisées à l’hôpital en cas d’infection grave.

Comment différencier une cystite d'une pyélonéphrite ?

Lorsqu'on est atteint d'une infection de la vessie, appelée « cystite », les symptômes suivants peuvent être ressentis : brûlures lorsqu'on urine, envie fréquente d'uriner, sang dans les urines, douleur dans le bas du ventre. En cas de pyélonéphrite, à ces signes s'ajoutent de la fièvre ou des frissons et le plus souvent une douleur vive dans le bas du dos.

Quand est-il nécessaire de faire un bilan pour explorer une pyélonéphrite ?

Une imagerie médicale n'est pas systématiquement réalisée en cas de premier épisode de pyélonéphrite. Une échographie ou un scanner peuvent cependant être demandés par le médecin. L’imagerie par échographie sera demandée en cas de fièvre persistante au bout de 3 jours d’antibiothérapie ou en cas de récidive de la pyélonéphrite. L'échographie va permettre de rechercher un obstacle dans l'uretère qui pourrait être responsable de la pyélonéphrite (calcul) et d’une dilatation du rein. Le scanner (« uroscanner ») quant à lui est réalisé à la recherche de complications locales tel qu'un abcès ou d’obstacle.

La pyélonéphrite : TRAITEMENT

Quels sont les principes du traitement de la pyélonéphrite ?

La pyélonéphrite se traite avec des antibiotiques. En cas de pyélonéphrite sans complication chez une personne en bonne santé, le traitement se fera à domicile avec des antibiotiques en comprimé ou en piqûre intra-musculaire (un peu comme les vaccins). Si la pyélonéphrite est grave ou survenant chez une personne fragile, l'hospitalisation est recommandée. Le traitement antibiotique se fera alors systématiquement par les veines. Le traitement est prescrit pour une durée totale de 10 jours pour une pyélonéphrite simple et deux semaines pour une pyélonéphrite compliquée. Le traitement antibiotique est en effet débuté dès le prélèvement fait pour l’ECBU.
Dans tous les cas, le médecin réexamine le malade au bout de 48 à 72 heures afin de vérifier l’efficacité du traitement et l’adapter le cas échéant en fonction des résultats de la culture du prélèvement des urines. À ce stade, la fièvre et les signes urinaires doivent avoir disparu. Un ECBU de contrôle n'est pas nécessaire si les symptômes ont totalement disparu.
Associés aux antibiotiques, un traitement contre la fièvre et la douleur (paracétamol) sera également prescrit le temps des symptômes.
Si des complications apparaissent, ou si la fièvre persiste pendant 72 heures, de nouveaux examens sont réalisés (ECBU de contrôle, uroscanner) et le traitement est adapté. Si la pyélonéphrite est due à la présence d'un calcul dans les voies urinaires, une levée d’obstacle est réalisée en urgence. En cas d’échec ou d’un obstacle permanent sur les uretères, un drainage des urines doit être réalisé en urgence afin de court-circuiter l'obstacle. L'opération peut se réaliser sous anesthésie locale ou générale.

Quels sont les risques des différents traitements ?

Les risques liés à la prise d'antibiotiques sont faibles en comparaison à leur bénéfice certain. Cependant des effets indésirables existent. Des réactions allergiques peuvent survenir. Les antibiotiques peuvent également dérégler la flore intestinale et provoquer des diarrhées. Dans certains cas, les antibiotiques provoquent une altération de la fonction du foie ou des lésions des tendons. En cas de survenue de ces symptômes, le médecin prescrira des médicaments adaptés et changera l'antibiotique s'il le juge nécessaire.

La pyélonéphrite : PREVENIR

Comment réduire les risques de pyélonéphrite ?

La pyélonéphrite se développe le plus souvent à la suite d'une infection de la vessie, cystite, non ou mal traitée. La prévention de la pyélonéphrite passe tout d'abord par la prévention de la cystite. Pour cela, les précautions à prendre sont : boire beaucoup d'eau (1,5 litre minimum par jour) afin de bien laver la vessie et éviter le développement des bactéries, s'essuyer d'avant en arrière après être allé faire pipi pour éviter de ramener les bactéries de l'anus vers l'urètre, uriner systématiquement après les rapports sexuels, lutter contre la constipation en mangeant des aliments riches en fibres. La consommation de jus de canneberge permettrait de diminuer les risques d'infection urinaire à répétition en empêchant les bactéries de se fixer à la vessie, mais les preuves sont ténues, voire remises en cause. Cependant aucune étude n'a encore permis de démontrer l'efficacité réelle.
En cas d'infection de la vessie, pour éviter le développement d'une pyélonéphrite, il faut consulter rapidement un médecin afin qu'il prescrive un traitement antibiotique adapté (le plus souvent il s'agit d'un sachet à prendre une seule fois).

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