Pneumologie

COVID long : estimation de la durée des symptômes et du type de population atteinte

Une nouvelle estimation de la proportion globale de symptômes prolongés après infection COVID a été réalisée et le type de patients à risque mieux défini. Ce travail répond à des questions et en pose de nouvelles qui ouvrent des portes sur des études prospectives. D’après un entretien avec Rim ABDELMALEK.

  • 03 Nov 2022
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    Une étude dont les résultats sont parus en octobre 2022 dans le JAMA, a fait le point sur les symptômes du COVID long, leur durée et sur le type de sujets le plus exposé à développer ces symptômes. Ce travail a été réalisé par une équipe américaine de l’Université de Washington.  Il s’agit d’une étude de prévalence pour laquelle les auteurs se sont servis de la définition du COVID long établie par l’OMS en octobre 2021. Pour cette étude de cohorte, ils ont réalisé une revue de la littérature et utilisé des bases de données qui ont permis d’inclure 1,2 millions de sujets, issus de 22 pays différents. Les auteurs ont exclu les patients asymptomatiques lors de l’infection COVID et ont utilisé trois groupes de symptômes prédéfinis pour se fixer deux objectifs : un principal qui est de définir la prévalence du COVID long et un secondaire qui est d’estimer la durée et la sévérité relative des symptômes des différents groupes.

    Définition et groupes de symptômes

    Le professeur Rim ABDELMALEK, spécialiste en maladies infectieuses au Centre Hospitalier Universitaire la Rabta, à Tunis, rappelle la définition du COVID long établie par l’OMS en octobre 2021 : il s’agit de la persistance de symptômes au moins 3 mois après une infection COVID et durant au moins 2 mois sans diagnostic alternatif. Ainsi, trois groupes de symptômes ont été définis : le premier groupe qui inclut la fatigue persistante, les troubles de l’humeur et les douleurs diffuses, le deuxième groupe qui comprend les troubles cognitifs et le troisième qui comporte les troubles respiratoires évolutifs. Elle rappelle que la fatigue chronique est assez classique et que c’est un symptôme déjà largement décrit à la suite d’infections virales et bactériennes diverses. Rim ABDELMALEK précise que les patients inclus doivent avoir eu une infection prouvée par le SARS-CoV-2, symptomatique ; pour l’étude de la prévalence du premier objectif, les symptômes recherchés devaient être absents avant l’infection COVID et pour l’objectif secondaire, les patients présentant des symptômes appartenant à l’un de ces trois groupes étaient surveillés entre 3 et 12 mois après leur guérison. Elle souligne également que les auteurs ont relevé des limites à leur travail en raison du caractère rétrospectif de l’étude, de la grande hétérogénéité des patients issus de 22 pays, dans lesquels le virus pourrait se comporter différemment, et de l’exclusion systématique des patients asymptomatiques lors de l’infection COVID-19, alors que certains d’entre eux ont développé un COVID long.

    Pour quels patients ?

    Rim ABDELMALEK précise que 6,2% des patients, âgés de 4 à 66 ans, qui ont eu une infection symptomatique par COVID-19, et ayant survécu, ont gardé au moins un groupe de symptômes. Cette prévalence s’est montrée plus importante chez les femmes (63% des porteurs de COVID-long), chez les sujets ayant séjourné en soins intensifs (43,1%) ou ceux ayant été hospitalisés en service de médecine (27,5%). Les symptômes de COVID long étaient moins fréquents chez les sujets pris en charge en ambulatoire (5,7%) et chez les personnes de moins de 20 ans. De plus, la durée de ces symptômes était de 9 mois en moyenne pour les patients ayant été hospitalisés versus 4 mois pour les patients ambulatoires. Un patient sur sept atteints de COVID-long, a conservé des symptômes à 12 mois. Les auteurs ont émis l’hypothèse que l’explication pourrait être liée à l’impact du chromosome X sur la susceptibilité aux pathologies auto-immunes et infections virales, entre autres. Une des hypothèses sur la physiopathologie du COVID long pourrait résider dans la désadaptation à l’effort, une altération de la voie de l’angiotensine 2, ou encore une atteinte de l’endothélium vasculaire pami d’autres phénomènes. De plus Rim ABDELMALEK souligne que les auteurs de ce travail ont pondéré leurs résultats en fonction de l’état de base des patients avant leur infection COVID. Les symptômes sont-ils réellement organiques ou provoqués par l’isolement ou le stress ? Beaucoup de questions auxquelles il n'est pas possible de répondre actuellement, compte tenu du grand éventail de symptômes possibles puisque plus de 250 ont été décrits depuis l’avènement de COVID-long....

    En conclusion, ce travail et son auto-critique permet de répondre à des questions sur le COVID long, encore bien mystérieux mais pose d’autres questions qui devraient faire avancer les connaissances par le biais d’études prospectives…

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    JDF