Rhumatologie

Spondylarthrite : une altération du microbiote corrélée à l’activité mais pas au traitement

Chez les patients atteints de spondyloarthrite, la génétique et les niveaux d'activité de la maladie ont probablement un impact sur la composition du microbiote intestinal et seraient à l’origine d’une dysbiose avec un trouble de l’immunité associé.

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  • 08 Sep 2022
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    Une altération du microbiote intestinal, ou dysbiose, a déjà été rapportée au cours de la spondylarthrite (SpA) et pourrait jouer un rôle critique dans la pathogenèse de cette maladie via les troubles de l’immunité qu’elle génère.

    Chez les patients atteints de spondyloarthrite, la génétique et les niveaux d'activité de la maladie ont probablement un impact sur la composition du microbiote intestinal, selon des données publiées dans Arthritis & Rheumatology. Il s’agit d’une nouvelle cible thérapeutique via le traitement par la greffe fécale, encore faut-il savoir quelle greffe proposer.

    Des altérations nettes du microbiote

    Une dysbiose est retrouvée plus souvent dans la spondylarthrite par comparaison aux témoins sains. Dans cette étude, une diminution de la diversité du microbiote intestinal est détectée chez les patients qui ont la maladie la plus active et l'abondance de certaines espèces bactériennes serait même corrélée au Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index.

    Parmi les témoins sains, des différences significatives dans la composition du microbiote sont également détectées entre les frères et sœurs HLA-B27 positifs et ceux HLA-B27 négatifs.

    Les chercheurs ont mis en évidence une diminution de l'abondance de plusieurs espèces chez les patients atteints de SpA, notamment celles appartenant à l'ordre des Clostridiaes. Parmi les quelques espèces dont l'abondance a augmenté, Ruminococcus gnavus est l'une des espèces les plus différenciées.

    Chez les patients atteints de SpA ne suivant pas de traitement, il n'y a pas de différence significative dans la richesse en Metagenomic Species Pangenome (MSP) entre les patients atteints de SpA et les témoins sains, selon les chercheurs.

    Une méthodologie plus puissante

    Les chercheurs ont recueilli des échantillons de selles de 197 volontaires. Les patients atteints de spondylarthrite, tous inscrits dans un hôpital universitaire, devaient répondre aux critères de classification de la Spondyolarthritis International Society et n’avoir pas pris des antibiotiques pendant au moins un mois avant le prélèvement des échantillons. En outre, les patients ne devaient pas avoir subi de préparation à une coloscopie pendant au moins 6 mois. Les chercheurs ont également recruté 40 volontaires qui étaient les frères et sœurs des patients atteints de SpA inclus.

    Un séquençage Shotgun a été réalisé sur l'ADN fécal isolé des échantillons de selles de deux groupes de volontaires adultes : SpA (N = 102) et témoins sains (N = 63). Un sous-ensemble de témoins sains comprenait des frères et sœurs appariés en âge de patients dont le statut HLA-B27 était connu. Les changements dans la composition du microbiote intestinal ont été évalués en fonction de la diversité des espèces, des entérotypes et des différences taxonomiques et fonctionnelles.

    Corrélation à l’activité de la maladie

    L'importance de la dysbiose semble être en corrélation étroite avec l'activité de la maladie, selon le Pr Magali Berland, de l’Université Paris-Saclay. Le génotype HLA-B27, qui prédispose à la SpA, serait associé à une dysbiose significative chez les frères et sœurs sains des patients, de sorte que l'inclusion de ce groupe (de témoins sains) dans l'analyse globale primaire a pu atténuer les différences entre groupe SpA et groupe témoin.

    « L'analyse des facteurs confondant possibles, notamment les médicaments, est toujours un point intéressant car ils peuvent avoir un impact sur la composition du microbiote intestinal », a-t-elle ajouté. « Dans notre analyse, nous n'avons pas observé un fort effet des médicaments sur la dysbiose, mais cela ne signifie pas que les médicaments pris par les patients n'ont aucun effet. »

    Des différences entre les phénotypes

    La SpA a longtemps été divisée en sous-groupes phénotypiques, sur la base des signes cliniques dont les manifestations extra-articulaires.  C'est la raison pour laquelle les chercheurs ont analysé séparément les patients ayant des antécédents de psoriasis, d'uvéite ou de MICI.

    Les deux premiers groupes ne différaient pas, tandis que le troisième, même si les MICI étaient inactives chez la majorité des patients au moment du prélèvement de selles (8/13), avaient des différences nettes par rapport aux patients sans MICI : une majorité d'espèces étaient enrichies dans les SpA avec des antécédents de MICI, alors que peu d'entre elles étaient diminuées, y compris Faecalibactrium prausnitzii, une bactérie anti-inflammatoire qui est considérée comme réduite au cours des MICI. 

    D’après les chercheurs, malgré un impact notable sur la structure du microbiote, parmi les espèces significativement différentes entre les patients avec et sans MICI, seul Ruminococcus gnavus serait associé à l'activité de la maladie, renforçant l'hypothèse que cette espèce pourrait faire un lien entre MICI et SpA.

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    JDF