Dermatologie

Eczéma atopique : une nouvelle biothérapie et un véritable tournant dans la maladie

Un nouvel anticorps monoclonal anti-récepteur IL-4/IL-13 semble marquer un tournant dans le traitement de la dermatite atopique. Les résultats de 2 études présentées au congrès européen de dermatologie démontrent un bénéfice majeur chez près d’un malade sur 4.

  • ©123RF-Astrid Gast
  • 04 Octobre 2016
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    Le dupilumab, un nouvel anticorps monoclonal humanisé dirigé contre le récepteur commun de IL-4 et IL-13, 2 interleukines fortement impliquées dans les phénomènes allergiques. Il démontre une activité clinique impressionnante vis-à-vis de la dermatite atopique dans 2 études randomisées de phase 3 sur 16 semaines qui viennent d’être présentées au congrès européen de dermatologie, l’EADV, et sont publiées en même temps dans le New England Journal of Medicine.

    Un bénéfice clinique jamais observé

    Près de 4 malades sur 10 souffrant d’une forme modérée à sévère de dermatite atopique sont mis en rémission cutanée complète, ou quasi complète, par une injection sous-cutanée de 300 mg de dupilumab, soit une fois par semaine, soit toutes les 2 semaines. Les résultats sont très largement significatifs.

    A côté de l’amélioration des lésions d’eczéma, le prurit est drastiquement réduit, de même que les symptômes d’anxiété et de dépression, tout ceci se traduisant par une amélioration majeure de la qualité de vie des malades.

    La plupart des malades qui ont reçu le dupilumab rapportent un effet très précoce du dupilumab sur le prurit qui commencerait à diminuer dès la 2e semaine de traitement. Ces bénéfices sont obtenus au prix d’effets secondaires semble-t-il modérés, essentiellement un œdème au point d’injection et une légère augmentation des cas de conjonctivites. Il y a eu très peu de sorties d’essai pour effets indésirables.

    Deux études randomisées

    Le dupilumab 300 mg sous-cutané a été comparé au placebo dans 2 études randomisées en double-aveugle de 16 semaines. SOLO-1 a inclus 671 dermatites atopiques modérées à sévères et SOLO-2 a inclus 708 malades identiques. Dans les 2 études, le dupilumab a été administré à la dose de 300 mg une fois par semaine ou toutes les 2 semaines versus placebo. Le critère principal est le pourcentage de malades qui ont un score sur l’Investigator Global Assesment à 0 ou 1 (aucune lésion ou presque aucune lésion sur la peau) et une réduction d’au moins 2 points à 16 semaine de cette échelle par rapport au début du traitement. Les différences entre les groupes 300 mg une fois par semaine et 300 mg toutes les 2 semaines ne sont pas significatives.

    Un nouveau mécanisme d’action

    Le dupilumab bloque le récepteur de 2 cytokines, IL-4 et IL-13, qui semblent impliquées dans la pathogénie de nombreuses dermatoses allergiques, dont l’eczéma. Ces 2 études confirment donc l’intérêt de les bloquer dans les formes résistantes aux traitements locaux. De l’avis de nombreux experts présents sur place, ces 2 études représentent un tournant et font passer le traitement de la dermatite atopique dans une nouvelle ère. L’agence américaine du médicament, la FDA, a d’ailleurs classé le dupilumab dans la catégorie des « drug breakthrough status » qui lui assure un examen plus rapide du dossier : une AMM est espérée aux USA dès le printemps 2017.

    Compte tenu de la difficulté habituelle de traiter les malades souffrant d’un eczéma atopique généralisé et très handicapant, la plupart des dermatologues qui ont pu participer aux protocoles ont été fortement impressionnés, avec des résultats qualifiés de « quasi-miraculeux » chez certains malades très sévères, qui n’avaient plus de vie normale depuis plusieurs années.

    En l’état actuel de ces études, le bénéfice clinique et la tolérance semblent donc excellents, mais ils restent à être confirmés dans une étude de plus longue durée.

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