Onco-sein
Cancers du sein métastatiques RH+/HER2 : le Sacituzumab Govitecan réduit la progression
Présentés tout récemment à l’ASCO, les résultats intermédiaires de l’étude de phase III TROPICS-02 démontrent une réduction de 34% du risque de progression de la maladie ou décès du Sacituzumab Govitecan comparativement à une chimiothérapie chez les patientes présentant un cancer du sein RH+, HER2-, métastatiques déjà prétraités.
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Le sacituzumab Govitecan, anticorps anti TROP2 couplé à une chimiothérapie, le SN 38, principe actif de l’irinotecan et inhibiteur de la Topoisomérase 1, bénéficie actuellement d’une indication chez patientes avec un cancer du sein métastatique triple négatif déjà prétraité par au moins 2 lignes de traitement.
Sa potentielle efficacité dans les cancers du sein métastatiques RH+ a déjà été illustrée brièvement dans la cohorte RH+ de l’essai basket de phase I/II IMMU 132-01 avec des taux de réponse objective de 31.5%, une médiane de survie sans progression de 5.5 mois, sans toxicité limitante. Il n’en fallait pas plus pour lancer une phase III.
Une population de mauvais pronostic.
Présentée oralement à l’ASCO 2022 par Rugo HS, l’étude de phase III TROPICS-02, comparant le Sacituzumab Govitecan à une chimiothérapie classique, dans les cancers du sein métastatiques RH+, HER2-, déjà prétraités, valide son critère de jugement principal avec un gain en survie sans progression de 34%.
En pratique, au 3 janvier 2022, 543 patientes présentant un cancer du sein RH+, HER2-, métastatiques, déjà prétraitées par au moins 2 lignes de traitement, mais pas plus de 4, en phase métastatique, comprenant une hormonothérapie, un inhibiteur de CDK4/6, et un taxane (le traitement en phase (néo)adjuvante était comptabilisé comme une ligne de traitement lorsque la progression tumorale apparaissait dans les 12 mois), étaient randomisées selon un schéma 1 :1 : 272 dans le bras Sacituzumab Govitecan (10 mg/kg, J1-J8-J21), et 271 dans le bras chimiothérapie laissée au choix de l’investigateur (Capecitabine, Vinorelbine, Eribuline, Gemcitabine).
Les patientes étaient stratifiées selon la présence ou non de métastases viscérales, la durée de l’hormonothérapie en situation métastatique (<6 vs ≥6 mois), le nombre de ligne antérieure de chimiothérapie (2 vs 3-4). La population, homogène dans son ensemble, présentait un âge médian respectivement de 57 et 55 ans, était lourdement pré traitée avec une médiane de ligne antérieure de 3. 95% des patientes présentaient des métastases viscérales, dont 84% hépatiques, 86% avaient bénéficié d’une hormonothérapie prolongée de plus de 6 mois en phase métastatique, avec un traitement par inhibiteur de CDK4/6 < 12 mois pour 59% et 61% d’entre elles. Le critère de jugement principal était la survie sans progression (revue en aveugle, selon un comité indépendant), les critères de jugement secondaire la survie sans progression, le taux de réponse objective et la tolérance.
Un bénéfice en survie sans progression et dans tous les sous-groupes.
Avec un suivi médian de 10.2 mois, l’étude est positive concernant son critère de jugement principal avec une survie sans progression de de 5.5 mois dans le bras Sacituzumab Govitecan vs 4.0 mois dans le bras chimiothérapie (HR 0.66, IC à 95% : 0.53-0.83, p=0.0003). Le taux de PFS à 6 et 12 mois était respectivement de 46.1% vs 30.3% et 21.3% vs 7.1%, et un bénéfice retrouvé dans tous les sous-groupes, même au pronostic défavorable.
Concernant la survie globale, les données ne sont pas matures, mais avec une tendance numérique en faveur du bras expérimental avec une survie médiane de 13.9 mois vs 12.3 mois (HR 0.84) dans le bras standard. Le taux de réponse objective était respectivement de 21% vs 14%, le taux de bénéfice clinique de 34% vs 22% et la durée médiane de réponse de 7.4 mois vs 5.6 mois.
Concernant la tolérance, 74% des patientes du bras Sacituzumab Govitecan ont présenté des effets secondaires de grade ≥3 vs 60% dans le bras chimiothérapie, principalement des neutropénies (51% vs 39%), des diarrhées (10% vs 1%). Un arrêt du traitement a été observé respectivement chez 6% vs 4% des patientes. 1 décès toxique relaté au traitement expérimental a été rapporté.
Bien que statistiquement significatif, et chez une population jugée lourdement pré traitée, ces données sont à pondérer au gain réel de 1.5 mois de survie sans progression. Il semble encore trop tôt pour un en faire un standard, ou du moins cela nécessite la publication des résultats définitifs.











