Gastro-entérologie
Intolérance au gluten : vers une nouvelle stratégie thérapeutique ?
Chez les personnes touchées par la maladie cœliaque, le tryptophane, un acide aminé présent dans certains aliments, fait défaut. Présent en quantité trop faible, les aliments riches en gluten ne seront pas digérés et créeront des inflammations et des lésions intestinales. Une nouvelle approche pourrait bientôt tout changer.
- BrianAJackson/iStock
C’est un espoir pour tous ceux qui souffrent d’intolérance au gluten. Un consortium de recherche international, composé d’équipes des universités de la Sorbonne, de McMaster (Canada), de Wageningen (Pays-Bas), de l’Inserm, de l’AP-HP et de l’Inrae, montre que le microbiote intestinal des patients atteints de la maladie cœliaque a un défaut dans la production d’un composé actif issu de la dégradation du tryptophane par notre organisme.
Selon les scientifiques, il serait possible de métaboliser cet acide aminé grâce à l’apport de tryptophane et de probiotiques. Les résultats de leur étude ont été publiés le 21 octobre dans la revue Science transnational medicine.
Une mauvaise assimilation par notre organisme
La maladie cœliaque touche le système immunitaire de l’intestin et se caractérise par une intolérance à certaines protéines alimentaires, dont la gliadine. Cette protéine, issue du glutent qui est couramment retrouvé dans notre alimentation, est généralement dans des céréales comme le blé, le maïs ou le riz. Cette pathologie, qui touche un pour cent de la population mondiale mais qui peut créer une gêne chez 40% de Terriens, provoque des inflammations du système digestif. Le plus souvent, elle donne lieue à des douleurs abdominales, des diarrhées et peut conduire à des pertes de poids chez les personnes qui en souffrent.
Chez les personnes intolérantes au gluten, ce sont les prolamines, une partie des protéines contenues dans les céréales, qui ne sont pas digérées par l’organisme. Cette prolamine, sous forme de gliadine, provoque une inflammation de l’appareil digestif. Si le problème n’est pas traité, il peut conduire à des lésions de la paroi interne de l’intestin, provoquer des diarrhées chroniques et des carences alimentaires, à cause de la mauvaise assimilation des nutriments.
Renforcer le microbiote
Chez les sujets sains, le microbiote intestinal produit des composés chimiques, appelés dérivés indoles, pour renforcer la barrière de notre intestin et stimuler son système immunitaire, ce qui calme l’inflammation.
Sachant que le microbiote est essentiel pour maintenir une bonne assimilation des aliments, les chercheurs se sont penchés sur cette flore. Avec les connaissances que possède le monde scientifique sur les autres maladies inflammatoire de l’intestin, comme la maladie de Crohn par exemple, ils savent qu’un défaut de production d’un acide aminé comme le tryptophane peut conduire à des douleurs.
Rétablir la bonne quantité de tryptophane
Les équipes ont inspecté les selles de 29 patients, souffrant soit de maladie cœliaque active, soit atteints de maladie cœliaque mais traités depuis au moins deux ans avec un régime sans gluten. Chez les patients touchés par la maladie cœliaque, les dérives indoles du tryptophane sont diminués. De même, les micro-organismes chargés de métaboliser le tryptophane et de produire les dérivés indoles sont en présents en faible quantité.
Chez les souris confrontées au même problème, il a été possible de résoudre ce problème de deux façons. Dans un premier cas, cela passe par l’apport d’aliments protéinés, tels que la viande, le foie, les fruits secs ou les produits laitiers. L’autre alternative consiste à faire ingérer des bactéries probiotiques Lactobacillus reuteri, que l’on retrouve dans le lait, le fromage ou les saucissons, qui produit naturellement des dérives indoles à partir du tryptophane.
Un changement du microbiote
Lorsque l’alimentation est enrichie en tryptophane, cela provoque un changement dans le microbiote de l’animal. Chez les souris, l’inflammation intestinale s’est réduite, que ce soit avec des aliments protéinés ou avec le Lactobacillius reuteri, tout en réduisant les lésions intestinales dues à la maladie cœliaque.
Avec cette étude, de nouvelles stratégies thérapeutiques, autres qu’un régime strict sans gluten, s’ouvrent pour les patients atteints de maladie cœliaque. De nouvelles études sont toutefois complémentaires pour confirmer ces résultats chez l’être humain, mais cela pourrait grandement améliorer les symptômes chez les personnes atteints de la maladie cœliaque.











