Oncologie
Cancer colorectal avancé BRAF muté : une triple thérapie améliore la survie
Pour la première fois, dans le cancer du côlon métastasé, une combinaison de thérapies ciblées améliore la survie des patients. Une avancée qui concernerait 15% des malades.
- Mohammed Haneefa Nizamudeen/Istock
L'association de trois médicament ciblés, l'encorafénib, le binimétinib et le cétuximab, améliore nettement la survie globale des patients atteints d'un cancer colorectal métastatique BRAF muté.
Ce sont les résultats d’un essai multicentrique de phase III, BEACON CRC, présenté par des chercheurs du MD Anderson Cancer Center de Houston au congrès mondial ESMO 2019 sur le cancer gastro-intestinal.
Association de 3 thérapies ciblées
L'association des 3 traitements non chimiothérapeutiques est associée à une survie globale médiane de 9 mois comparativement à 5,4 mois pour le traitement standard actuel. Le taux de réponse objective pour le triplet est de 26 % comparativement à seulement 2 % pour le traitement standard.
L'association des 3 thérapies ciblées est globalement bien tolérée et n'a entraîné aucune toxicité inattendue. Des effets indésirables de grade 3 ou plus ont été observés chez 58 % des patients traités par le triplet, 50 % de ceux du groupe doublet et 61 % de ceux du groupe de traitement standard.
1er essai sur les CRCm BRAF mutés
BEACON CRC est le premier essai de phase III conçu pour tester les combinaisons thérapeutiques ciblées BRAF/MEK chez des patients atteints de cancer colorectal métastasé (CCRm) porteurs de la mutation BRAF V600E. On estime que des mutations BRAF surviennent chez jusqu'à 15 % des patients atteints de CCRm, le V600E étant la mutation BRAF la plus courante et représentant un mauvais pronostic pour ces patients.
Il s’agit d’un essai multicentrique, randomisé en ouvert, à trois bras sur 665 patients atteints d’un cancer colorectal BRAF muté V600E qui avaient progressé après un ou deux traitements antérieurs. Ils ont été randomisés pour recevoir soit un triplet (encorafenib, binimetinib et cetuximab), soit un doublet (encorafenib et cetuximab), soit un traitement standard au choix du clinicien (irinotécan ou acide folinique, fluoruracile et irinotécan (FOLFIRI) et cetuximab).
Nouveau standard de traitement
En août 2018, la Food and Drug Administration a accordé la désignation de traitement innovant à l'encorafénib, en association avec le binimétinib et le cétuximab, pour le traitement des patients atteints de cancer mCRC BRAF muté V600E, après échec d'une ou deux lignes thérapeutiques antérieures pour une métastase.
D’après ses promoteurs, cette étude s'appuie sur une décennie de recherche sur la biologie tumorale du cancer colorectal BRAF muté, et utilise une combinaison rationnelle de traitements pour cibler les vulnérabilités propres à cette tumeur.
« Cette combinaison thérapeutique ciblée devrait constituer un nouveau standard de traitement pour ce groupe de patients », a déclaré M. Kopetz, premier auteur de l’étude et chercheur au MD Anderson Cancer Center. « D'autres études sont nécessaires pour déterminer si cette combinaison peut également être bénéfique pour les personnes atteintes d'une maladie moins avancée ou comme traitement de première intention ».
Pas de chimiothérapie
Les résultats de cette étude BEACON CRC soulignent qu'il sera désormais indispensable que tous les patients atteints d'un cancer colorectal soient testés pour les mutations BRAF car ce traitement spécifique peut changer le cours naturel de la maladie chez les patients BRAF mutés et il n’est pas une chimiothérapie.
Les experts soulignent en effet que dans de nombreux autres types de cancer, et en particulier dans le cancer colorectal, il est fréquent que des traitements biologiques ciblés soient utilisés en association avec une chimiothérapie. Le fait que cette association ciblée soit sans chimiothérapie est une bonne nouvelle pour les patients, notamment en raison des effets secondaires que la chimiothérapie provoque généralement.
Réduire le fardeau du cancer
Selon l'American Cancer Society, le cancer colorectal est la troisième cause de décès par cancer chez les hommes et les femmes, et la deuxième cause de décès par cancer la plus fréquente lorsque les hommes et les femmes sont analysés ensembles.
Sans ce traitement, les autorités de santé américaines s’attendent à ce que le cancer colorectal cause environ 51 020 décès en 2019, mais jusqu'à 15 % des patients pourraient être porteurs de la mutation BRAF, la V600 étant la mutation BRAF la plus courante et étant habituellement un facteur de mauvais pronostic.
L'étude n'avait pas pour but de comparer le triplet et le doublet, mais de analyses prédéterminées examineront quels patients sont les plus susceptibles de bénéficier des combinaisons de triplet et de doublet. De plus, une étude en cours (ANCHOR-CRC) étudie les effets de la trithérapie comme traitement initial chez les patients atteints d'un cancer colorectal métastatique BRAF muté V600E.











