Toxicologie

Cannabis : le syndrome cannabinoïde demeure mystérieux aux yeux de la communauté scientifique

Les effets du cannabis sont paradoxaux : son usage médical vise à lutter contre les nausées et vomissements mais consommé quotidiennement, il provoque un syndrome qui demeure mystérieux pour la communauté scientifique, mais de plus en plus fréquent : le syndrome d’hyperémie cannabinoïde ou CHS.

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  • 12 Mars 2018
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    De fortes nausées, des vomissements sévères, des douleurs abdominales épigastriques ou périombilicales, tels sont les symptômes du syndrome d’hyperémie cannabinoïde auquel des chercheurs américains se sont intéressé. Il s'agit effectivement d'un syndrome de plus en plus fréquent.

    Les résultats de leur étude sont publiés dans la revue Basic and Clinical Pharmacology and Toxicology.

    Le paradoxe de la marijuana

    C’est en 2004 qu’on nomme pour la première fois ce syndrome, dans le journal médical Gut, un journal officiel de la British Society of Gastroenterology. Les personnes qui en souffrent tentent de faire passer ces symptômes en prenant des douches ou des bains chauds. Une des problématiques réside dans le fait que les personnes ignorent totalement que ce syndrome peut survenir suite à une consommation quotidienne de cannabis, d’autant que la marijuana est parfois utilisée pour traiter les nausées.

    Dans leur étude, les chercheurs ont observé 155 personnes qui se sont présentées aux urgences à New York et à qui on a diagnostiqué un CHS. En extrapolant au nombre de consommateurs quotidiens de marijuana, les chercheurs estiment que 2 millions d’adultes américains pourraient être touchés par le syndrome : en 2014 aux Etats-Unis le nombre de personnes ayant souffert de symptômes du CHS est estimé entre 2 130 000 et 3 380 000.

    Quel traitement ?

    En pratique, les chercheurs ont demandé aux malades d’évaluer onze méthodes permettant de soulager les nausées / vomissements, à l’aide de l’échelle de Likert (en 10 points : de « pas du tout utile » à « le plus utile ». 

    Ces méthodes comprenaient : douches chaudes, douches froides, air frais, médicaments antiémétiques, fumer de la marijuana, s’abstenir d’en fumer, augmenter la température ambiante, manger, boire de l’eau, fumer des cigarettes et dormir. 51 personnes ont indiqué que les douches chaudes procuraient un soulagement efficace, soit 32,9%.

    Les résultats globaux de l'étude suggèrent qu’un tiers des personnes qui signale une forte consommation de marijuana souffre de symptômes du CHS. Cette état serait, par ailleurs, plus fréquent chez les 18-29 ans bien qu’il n’y ait pas de différence significative entre les sexes, la race, l’origine ethnique, le niveau d’éducation ou le statut d’emploi entre les utilisateurs fréquents de marijuana.

    Une 2e étude est prévue

    Les chercheurs précisent tout de même les nombreuses limites inhérentes à l’étude : on ne peut pas être sûr à 100% que les personnes interrogées au cours d’un questionnaire médical soient totalement honnêtes quant à leur consommation de cannabis. Par ailleurs on ignore parfois leurs antécédents médicamenteux et donc les possibles interactions auxquelles pourraient être imputées les symptômes.

    Les chercheurs travaillent désormais sur une seconde étude visant à identifier des thérapeutiques, car pour le moment seul l’arrêt ou la réduction de la consommation de cannabis parvient à faire disparaître les symptômes.

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