Addictologie
Tabagisme : 4 millions d'adultes sont sortis du tabac en 10 ans
Depuis 2014, la France a enregistré une diminution spectaculaire du nombre de fumeurs quotidiens chez les adultes. Les politiques de santé publique, comme le Mois sans tabac en novembre, n’y sont pas pour rien.
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Une bonne nouvelle à l’approche du Mois sans tabac : le tabagisme recule enfin en France.
Selon un rapport de Santé publique France, en l'espace de dix ans, le pays a enregistré une baisse de quatre millions du nombre de fumeurs quotidiens parmi les 18-75 ans, passant ainsi de 28,6 % en 2014 à 18,2 % en 2024. Une tendance inédite qui marque une avancée majeure pour la santé publique. Que cache ce progrès ?
Un arsenal de mesures efficaces
Cette diminution historique est saluée par le Dr Nicolas Prisse, président de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) : "La baisse historique du tabagisme, chez les adultes comme chez les plus jeunes, montre qu’une politique globale, ambitieuse et continue [...] porte ses fruits". Les jeunes adultes suivent le mouvement : en 2024, seuls 18 % des 18-29 ans fument quotidiennement, contre 29 % en 2021. Chez les adolescents de 17 ans, la proportion chute de 25,1 % en 2017 à 15,6 % en 2022.
Cette baisse ne doit rien au hasard. Depuis 2014, les programmes nationaux se succèdent : paquet neutre, hausse des prix, mais aussi dénormalisation de la consommation. Depuis le 29 juin, fumer est interdit dans de nombreux espaces publics comme les abribus, parcs, plages ou abords d’écoles. Une mesure surtout destinée à protéger les enfants du tabagisme passif, mais qui mécaniquement réduit le niveau de consommation de tabac.
On peut aussi citer le remboursement des traitements de sevrage et les campagnes de sensibilisation comme le Mois sans tabac. L'édition 2025, qui débute le 1er novembre, promet encore un accompagnement renforcé : application mobile, kit gratuit en pharmacie, soutien par des tabacologues. En 2024, 55 % des fumeurs déclarent vouloir arrêter, notamment les 40-49 ans et les plus diplômés. Et près de 17,3 % ont déjà tenté un sevrage d’au moins une semaine. Les ventes de traitements anti-tabac, elles, ont bondi de 29 % depuis 2021.
Des inégalités sociales et territoriales persistantes
Malgré ces progrès, tous les Français ne sont pas également concernés. Les ouvriers fument deux fois plus que les cadres (25 % contre 12 %) et les personnes en difficulté financière jusqu'à trois fois plus que les plus aisées. Géographiquement, les régions comme l'Occitanie, PACA ou le Grand Est restent les plus touchées. "Les fortes inégalités sociales de consommation appellent [...] à poursuivre et à renforcer nos actions", assurent la Dr Caroline Semaille (Santé publique France) et le Pr Didier Lepelletier (Direction générale de la santé).
Alors qu’il tue 75.000 personnes par an en France, ce qui représentent 13 % des décès, le tabac reste la première cause de mortalité évitable. Mais la dynamique est là : comme le souligne le Pr Yves Martinet, du Comité national contre le tabagisme (CNCT), "l’objectif d’une prochaine génération sans tabac" devient envisageable.











