Hépatologie
Xénotransplantation : un patient survit 171 jours avec une greffe de foie de porc
Un homme a survécu 171 jours après avoir été greffé en Chine avec un foie de porc génétiquement modifié.
- Fotosmurf03/istock
"Une avancée cruciale dans la lutte contre la crise mondiale de la rareté des organes". C’est ainsi que les chercheurs présentent leurs travaux publiés dans la revue Journal of Hepatology, le 9 octobre 2025. Leur patient âgé de 71 ans est parvenu à vivre 171 jours, soit 5 mois et demi, après la transplantation d’un foie de porc modifié génétiquement.
Il s’agit d’une première. Jusqu’à maintenant, ce type d’intervention n'avait été réalisé que sur des personnes en état de mort cérébrale.
Greffe de foie de porc modifié génétiquement : aucun signe de rejet pendant 31 jours
Le septuagénaire qui souffrait d’un cancer du foie et d’une cirrhose liée à l'hépatite B, a été opéré en mai 2024. Lors de l’intervention, l’équipe médicale lui a greffé le foie d’un porc ayant subi 10 modifications génétiques pour réduire les risques d'infection ou de rejet.
"Pendant les 31 premiers jours suivant la transplantation, aucun rejet aigu ou suraigu, aucune infection ni complication significative n’ont été observés, et les fonctions hépatiques et rénales du patient sont restées stables", notent les auteurs dans leur article. L’organe parvenait à produire de la bile ainsi que des protéines essentielles à la coagulation sanguine comme l’albumine.
Toutefois, des complications ont ensuite commencé à apparaître : inflammation, chute de tension artérielle, rythme cardiaque accéléré...
Apparition de caillots sanguins et retrait de la greffe
Au 38e jour postopératoire, l’homme a développé une microangiopathie thrombotique associée à la xénotransplantation (xTMA). Il s'agit d'une grave complication où des caillots sanguins bouchent et endommagent les vaisseaux sanguins ou les organes. Face à cette situation dangereuse, l’équipe médicale a décidé de retirer la greffe porcine. Les fonctions hépatiques ont pu être assurées par le lobe hépatique gauche du patient. Ce dernier avait, en effet, été maintenu en place, et montrait même des signes de meilleure santé depuis la greffe.
Des traitements sont parvenus à enrayer la complication. "Malheureusement, des hémorragies digestives répétées ont finalement conduit au décès du patient au 171e jour", expliquent les médecins.
Xénotransplantation : offrir plus de temps aux patients atteints de maladie hépatique
Même si le patient est décédé, les médecins estiment que cette xénotransplantation représente une véritable avancée. Elle démontre que le recours à des foies de porc génétiquement modifiés offre aux patients touchés par une maladie hépatique du temps supplémentaire pour que leur foie se rétablisse ou pour attendre un foie humain compatible.
"À l’avenir, le côté gauche (du foie, NDLR) pourrait avoir une réelle chance de se régénérer. Dans ce cas, nous retirerions le greffon, ce qui suffirait à le maintenir en vie. Ou du moins, nous savons que nous pouvons attendre un ou deux mois pour obtenir un greffon humain", a expliqué le chercheur principal Beicheng Sun, de l'université chinoise de Nankin à CNN.
"C'est une avancée cruciale, démontrant à la fois la promesse et les obstacles restants, en particulier en ce qui concerne les troubles de la coagulation et les complications immunitaires, qu'il faut surmonter", ajoute-t-il.











