Médecine générale
Stérilet : l’échoguidage accélère la pose sans réduire la douleur
En médecine de ville, la pose d’un stérilet sous échographie transabdominale raccourcit significativement la durée du geste par rapport à la technique conventionnelle mais n’abaisse pas les scores de douleur immédiate. Ce constat plaide pour des stratégies d’analgésie et d’information dédiées en complément.

- doomu/istock
L’essor de l’utilisation des stérilet (DIU) comme technique contraceptive se heurte encore à la crainte de la douleur, frein documenté au recours. Divers adjuvants (lidocaïne topique, bloc cervical, AINS) ont été testés avec des résultats inconstants, tandis que l’échographie a été proposée pour mieux visualiser l’utérus et, potentiellement, remplacer le toucher bimanuel et le sondage. La plupart des données provenaient toutefois de plateaux de gynécologie/radiologie, limitant l’extrapolation à la médecine générale.
Dans un centre de santé universitaire de médecine familiale, une étude prospective « quasi » randomisée a comparé l’échoguidage transabdominal (sans bimanuel ni sondage) à la méthode conventionnelle (bimanuel + sondage). Selon les résultats présentés dans Annals of Family Medicine, sur 47 poses analysées (25 échoguidées, 22 conventionnelles), la durée totale du geste a été significativement plus courte sous échographie (p=0,033), confirmant l’hypothèse d’un gain de flux lié à la préparation échographique et au guidage en temps réel.
L’analgésie reste à optimiser
La douleur, mesurée une fois juste après le geste sur une échelle 0–10, n’a pas différé entre groupes (p=0,161). L’absence de corrélation entre durée et douleur suggère que la brièveté ne suffit pas à soulager la perception nociceptive ; l’anxiété de base, les expériences pelviennes antérieures ou l’étape procédurale la plus algogène pourraient peser davantage. Une évaluation « pas-à-pas » (tenaculum, passage cervical, déploiement) aurait pu mettre au jour des différences fines.
Aucune expulsion ni complication n’a été observée pendant le suivi immédiat. L’échographie a permis la confirmation instantanée de la position du DIU, utile pour dépister une malposition ou suspecter une perforation. Les équipes comprenaient un interne et un senior dans chaque bras, limitant l’effet de staffing sur la durée.
Les auteurs notent toutefois que le protocole est transposable en cabinet à praticien unique via une courte échographie pré- et post-pose. Au total, l’échoguidage apparaît comme un accélérateur de workflow en contexte de formation, sans bénéfice antalgique intrinsèque démontré.
Intégrer l’écho dans la filière DIU
L’étude, prospective et quasi randomisée, a été conduite en médecine générale universitaire, où les DIU sont fréquemment posés et où l’échographie se diffuse. L’allocation par créneaux et la taille modeste de l’échantillon constituent des limites, tout comme l’hétérogénéité d’expérience des internes. L’unique mesure globale de douleur restreint l’interprétation des mécanismes ; l’absence d’évaluation formelle de sécurité à distance empêche toute conclusion définitive sur les événements rares. Malgré cela, la validité est forte pour les cabinets de soins primaires : l’échographie a supprimé le bimanuel et le sondage tout en sécurisant la trajectoire (visualisation de l’axe, de la profondeur et contrôle final).
Selon les auteurs, une voie intégrée se dessine : information structurée sur la douleur, analgésie standardisée (AINS ± anesthésie locale selon le contexte), échographie de repérage avant dilatation et guidage lors du franchissement cervical et du déploiement ; contrôle immédiat de la position au sortir du spéculum. Pour les centres d’enseignement, l’échoguidage sert de médiation pédagogique, explicite l’anatomie, réduit les temps morts et pourrait diminuer la variabilité inter-opérateur. Les perspectives de recherche incluent des essais randomisés de plus grande ampleur, une évaluation douleur étape-par-étape, l’étude d’algorithmes analgésiques couplés à l’écho, l’impact sur les malpositions/expulsions à moyen terme, et des analyses de coût-efficacité intégrant temps opératoire et taux de reconsultation.