Pédiatrie
Allaitement prolongé : des bénéfices neurocognitifs jusqu’à l’adolescence
L’allaitement exclusif pendant au moins six mois serait associé à des bénéfices cognitifs mesurables chez l’enfant, dépassant le seul QI. Les données longitudinales de la cohorte ALSPAC suggèrent un effet favorable sur les performances scolaires et certaines fonctions cognitives jusqu’à l’adolescence.

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De nombreuses études ont exploré l’impact de l’allaitement sur le développement intellectuel de l’enfant, souvent avec des résultats contradictoires. Les méta-analyses ont néanmoins confirmé un effet positif sur le QI, avec des bénéfices plus marqués lorsque l’allaitement est prolongé au-delà de six mois.
Publiée dans Nutrients, la nouvelle analyse issue de l’Avon Longitudinal Study of Parents and Children (ALSPAC), qui a suivi plus de 11 000 enfants nés au début des années 1990 au Royaume-Uni, va plus loin : elle évalue 373 paramètres neurocognitifs, de l’enfance à l’adolescence. Parmi eux, 42 restent significativement associés à l’allaitement après ajustement rigoureux.
Les enfants allaités pendant au moins 6 mois ont un gain moyen de +4,1 points de QI à 8 ans et +5,1 points à 15 ans par rapport à ceux n’ayant pas été allaités, ainsi que de meilleures performances en lecture, langage et mathématiques.
Des effets étendus sur le développement cognitif
Au-delà des mesures classiques d’intelligence, l’étude met en évidence des bénéfices sur la motricité fine en période préscolaire, le langage pragmatique à 9 ans et une diminution du risque de comportements hyperactifs. L’association avec la latéralisation manuelle est également confirmée, les enfants allaités étant plus souvent droitiers, observation déjà rapportée dans d’autres cohortes.
Ces résultats ne concernent pas tous les domaines : aucune différence robuste n’a été observée pour les troubles émotionnels ou les comportements sociaux. La tolérance est bien sûr excellente : aucun signal défavorable en termes de développement cognitif ou comportemental n’a été identifié, confirmant que l’allaitement prolongé ne comporte pas de risques neurocognitifs.
Une méthodologie robuste et des implications cliniques
La force de cette analyse repose sur la taille de la cohorte ALSPAC, sa représentativité régionale et la diversité des données recueillies, incluant les tests scolaires nationaux et les évaluations réalisées en aveugle de l’exposition à l’allaitement. Les associations demeurent après ajustement pour de nombreux facteurs confondants (niveau d’éducation des parents, contexte socio-économique, alimentation, activité physique). Toutefois, la population essentiellement caucasienne limite la généralisation à d’autres contextes.
Selon les auteurs, ces résultats confortent l’idée que l’allaitement exclusif pendant au moins 6 mois doit être encouragé non seulement pour ses bénéfices nutritionnels et immunitaires, mais aussi pour son rôle potentiel dans l’optimisation des capacités cognitives à long terme.
De futures recherches devront préciser les mécanismes biologiques impliqués, notamment le rôle des acides gras polyinsaturés, des vitamines ou des interactions mère-enfant.