Onco-Digestif

CRCm non résécable MSS, RAS sauvage : actualisation de l’essai PANAMA

L'essai PANAMA avait pour but d’évaluer l'efficacité de l’ajout du Panitumumab (Pmab, anti-EGFR) à une FP en traitement d'entretien chez des patients avec adénocarcinome colorectal métastatique, MSS, RAS sauvage. Les données actualisées de cet essai ont été présentées au congrès de l’ASCO 2024.

  • Md Babul Hosen/iStock
  • 17 Octobre 2024
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    En cas de cancer colorectal métastatique non résécable (CCRm), sans instabilité des microsatellites (MSS), la stratégie thérapeutique de première ligne (L1, appelée chimiothérapie d’induction) consiste en l’association d’une chimiothérapie (fluoropyrimidine (FP) avec de l’oxaliplatine ou de l’irinotécan, ou la combinaison des 3) à une thérapie ciblée qui est fonction du profil moléculaire tumoral (RAS, BRAF).

    En raison des toxicités induites par ces traitements, des stratégies d’entretien ont été développées en proposant un allègement par une FP seule pour les patients qui présentent une réponse ou une maladie stable après un minimum de 4 mois de traitement en L1. La place des thérapies ciblées dans la stratégie d’entretien n’est pas définie et n’est pas consensuelle. 

    Méthodologie

    Il s’agissait d’une étude de phase II allemande, prospective, multicentrique, qui comparait un traitement d’entretien par FP + Pmab vs FP seule (randomisation 1:1) après 6 cycles de chimiothérapie d’induction par FOLFOX + Pmab chez des patients ECOG 0-1 avec CCRm, MSS, RAS sauvage. L’objectif principal était la survie sans progression (SSP) sous traitement d’entretien. Les objectifs secondaires étaient la SSP après réintroduction (SSP ré-ind) de la chimiothérapie de L1, le temps jusqu’à échec de la stratégie (TES ; temps écoulé entre l’initiation du traitement d’entretien et la progression tumorale après réintroduction ou décès) et la survie globale (SG).

    Résultats

    378 patients ont été inclus dans l’essai. 125 ont été randomisés dans le bras FP + Pmab (femmes : 30,4 % ; âge médian 66 ans) dont 50 ont eu une réintroduction de chimiothérapie de L1. 123 patients ont été randomisés dans le bras FP seule (femmes : 36,6 % ; âge médian 65 ans), dont 78 ont reçu une réintroduction de L1.

    Une différence significative a été observée pour la SSP, en faveur de l’association FP + Pmab (8,8 mois vs 5,8 mois, hazard ratio (HR) : 0,73, p = 0,015), au prix d’une toxicité plus élevée (effets secondaires de grade ≥ 3 à 60,8 % vs 30,9 %). Cette différence n’était pas observée en SG (médianes de 29,9 mois pour FP + Pmab vs 24,7 mois, HR : 0,85, p = 0,24). La SSP ré-ind était significativement plus faible dans le bras FP + Pmab (médianes de 4,1 mois vs 7,4 mois, HR : 1,93, p = 0,001). Le TES était équivalent dans les 2 groupes (médianes de 17,1 mois vs 15,7 mois, HR : 0,98, p = 0,92).
     

    Conclusion

    L’actualisation des données de l’essai PANAMA ne retrouve pas de différence de TES entre les deux bras chez les patients avec CCRm, MSS, RAS sauvage, après une chimiothérapie d’induction. Il n’existe pas de différence de SG, notamment en raison d’une SSP plus courte lors de la ré-introduction (bras toutefois déséquilibrés).

    Les 2 options FP + Pmab ou FP seule sont donc valables pour une stratégie d’entretien et sont à déterminer selon le profil de tolérance clinique à l’anticorps anti-EGFR du patient.

    D’autres essais évaluant les stratégies de maintenance après une 1ère ligne de chimiothérapie du CCRm MSS sont en cours (résultats attendus : OPTIPRIME, en cours d’inclusion : BEVAMAINT).

     

     

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