Psychiatrie
TDAH : une large étude d'imagerie trouve des anomalies cérébrales
La plus grande étude d'imagerie du TDAH à ce jour identifie des différences dans cinq structures du cerveau, les plus grandes différences étant observées chez les enfants plutôt que chez les adultes.
- sudok1/epictura
Le déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) est associé à des anomalies de 5 structures du cerveau qui prédominent chez l’enfant et s’améliorent chez l’adulte. Le TDAH pourrait donc être considéré comme une maladie neurologique avec un trouble du développement du cerveau.
L'étude a concerné plus de 3200 personnes et est la plus importante à ce jour à avoir examiné les volumes de différentes structures du cerveau chez des enfants et des adultes souffrant de TDAH. Elle a été publiée dans The Lancet Psychiatry
Une réduction de volume de 5 structures du cerveau
L'étude objective, chez les personnes atteintes de TDAH, une réduction du volume global du cerveau et des volumes de cinq structures : le noyau caudé, le putamen, le noyau accumbens, l'amygdale et l'hippocampe.
Ces différences sont très faibles, de l’ordre de quelques pour cent, de sorte que seule la taille importante de cette étude a permis de les objectiver. Des différences proches ont également été observées dans d'autres troubles psychiatriques, en particulier l’épisode dépressif majeur. Il n'y a aucune différence au niveau du thalamus et du pallidum.
Une étude multicentrique sur plus de 3000 personnes
Cette étude multicentrique a mesuré les volumes des structures du cerveau de 1713 personnes avec un diagnostic de TDAH et 1529 personnes sans, toutes étaient âgés de quatre à 63 ans.
Les 3242 personnes ont eu une IRM pour mesurer le volume global de leur cerveau et la taille de sept structures du cerveau qui avaient été précédemment identifiées comme étant liées au TDAH : le pallidum, le thalamus, le noyau caudé, le putamen, le noyau accumbens, l’amygdale et l’hippocampe. Les chercheurs ont également pris en compte la prise de médicaments psychostimulants, par exemple la ritaline, chez les personnes atteintes de TDAH.
Un trouble persistant à l’âge adulte
Les différences observées les plus importantes l’ont été dans le cerveau des enfants atteints de TDAH, mais elles existent à un moindre niveau chez les adultes atteints du trouble.
Sur la base de ces constatations, les chercheurs considèrent que le TDAH est une maladie neurologique du cerveau, et suggèrent que les retards dans le développement de plusieurs structures du cerveau seraient caractéristiques du TDAH.
Outre le noyau caudé et le putamen, pour lesquels des études antérieures avaient déjà montré des liens avec le TDAH, les chercheurs ont pu établir dans cette étude un lien entre le TDAH et une réduction de volume de l'amygdale, du noyau accumbens et de l'hippocampe.
Absence d’effet structural des psychostimulants
Au moment de leur IRM, 455 enfant atteints de TDAH recevaient des médicaments psychostimulants, et en regardant les antécédents des adultes, 637 avaient pris un tel médicament au cours de leur vie.
Les différences de volumes des cinq structures cérébrales impliquées dans le TDAH étaient présentes même si les gens avaient pris des médicaments, ce qui suggère que les différences dans les volumes du cerveau ne sont pas le résultat des psychostimulants.
En pratique
Il s’agit de la plus grande étude d’imagerie cérébrale réalisée à ce jour dans le TDAH et elle a la puissance nécessaire pour détecter de petits effets-tailles. Les grands effectifs de population d’étude sont en effet particulièrement importants dans le TDAH en raison de l'hétérogénéité du trouble, à la fois sur le plan biologique et sur le plan clinique.
Des études antérieures avaient lié des différences dans le volume du cerveau et de ses structures avec le TDAH, mais la petite taille des études concernées ne permettait pas d’affirmer quoi que ce soit. Les structures considérées comme impliquées dans le TDAH sont situées dans les noyaux de la base du cerveau, une partie qui contrôle les émotions, le mouvement volontaire et la cognition, et les recherches précédentes avaient objectivé que les régions caudées et le putamen sont plus petits chez les personnes atteintes de TDAH.
Les résultats de cette étude confirment que les personnes souffrant de TDAH ont des modifications de volumes de 5 des noyaux de la base du cerveau par rapport aux témoins, ce qui suggère que le TDAH est une véritable maladie neurologique.
Les chercheurs posent l’hypothèse que l'amygdale serait associée au TDAH du fait de son rôle dans la régulation des émotions, que le noyau accumbens pourrait être impliqué du fait de son rôle dans la motivation et le circuit de la récompense et que l’implication de l'hippocampe dans le TDAH pourrait se faire par le biais de son implication dans la motivation et les émotions.
Cette étude représente une contribution majeure dans le TDAH en fournissant des éléments solides pour soutenir la dimension de maladie cérébrale cérébral du TDAH avec des effets modifications substantielles des volumes des noyaux sous-corticaux.
Bien que l'étude comprenne un grand nombre de personnes de tous âges, son design ne permet pas de déterminer comment le TDAH se développe tout au long de la vie. Des études longitudinales sont donc nécessaires pour suivre l’évolution des volumes des différentes structures cérébrales de ces malades afin de voir comment ceux-ci évoluent avec ou sans médicaments.











