Gynéco-obstétrique

Dépression du post-partum : le diabète gestationnel est un facteur de risque majeur

Chez la primipare, le diabète gestationnel est un facteur de risque indépendant de la dépression du post-partum. Cette découverte ouvre la voie à une prise en charge spécifique.

  • pressmaster/epictura
  • 27 Janvier 2017
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    Les résultats d'une vaste étude de cohorte montrent que même en l'absence d'antécédents de dépression, le diabète gestationnel augmente significativement le risque de dépression du post-partum. Par ailleurs, les femmes ayant des antécédents de dépression sont 20 fois plus à risque d’avoir une dépression du post-partum que des femmes appariées sans antécédents de dépression. Enfin, l’association d’un antécédent familial de dépression chez la mère et d’un diabète gestationnel augmente encore le risque de dépression du post-partum.

    Dépression et diabète : 2 facteurs de risque majeurs

    Des antécédents de dépression avant la grossesse augmentent considérablement le risque de dépression du post-partum, avec 1154 cas pour 10 000 patients parmi les femmes avec antécédents de dépression comparé à seulement 42 cas pour 10 000 patients parmi celles sans antécédents (risque relatif [RR], 21,03 Intervalle [CI], 19,72 - 22,42).
    Les femmes atteintes de diabète gestationnel ont un risque significativement accru de dépression du post-partum, qu'elles aient ou non des antécédents de dépression (RR 1,70; IC à 95%, 1,36 - 2,13).
    Le risque de dépression du post-partum est aussi significativement plus élevé chez les femmes qui ont des antécédents de dépression et de diabète pré-gestationnel comparativement à celles qui n'ont pas de diabète pré-gestationnel (RR 1,49; IC à 95%: 1,01-2,21).

    D’autres facteurs de risque

    Chez les femmes sans antécédents de dépression, les autres facteurs de risque de dépression du post-partum sont l'âge jeune (15 à 19 ans et 20 à 24 ans, RR, 2,14, IC 95%, 1,79 à 2,57), la césarienne (RR, 1,64; , 1,07 - 2,50), la délivrance assistée avec des instruments (RR, 1,23; IC à 95%, 1,09-1,38) et le risque d'accouchement prématuré modéré (moins de 32 semaines de gestation) (RR, 1,36; IC à 95%: 1,05-1,75).

    La plus large cohorte jamais analysée

    Les chercheurs ont analysé les données prospectives portant sur les naissances d'un premier enfant dans le registre médical suédois des naissances entre 1997 et 2008. En plus des informations sur pratiquement toutes les naissances en Suède, le registre inclut, depuis 2000, des données sur les soins ambulatoires hospitaliers.
    Cette étude est la plus importante de ce type à ce jour et elle a trouvé 4397 cas de dépression du post-partum dans la première année qui a suivi la naissance parmi 707 701 femmes qui ont eu une naissance vivante unique pendant la période de l’étude dans ce registre prospectif.
    Pour l’analyse de la dépression du post-partum, l'étude a pris en compte des diagnostics d'épisodes dépressifs majeurs, des troubles de l'humeur épisodique non précisés ou des troubles dépressifs survenus au cours de la première année après l'accouchement.

    Lien avec les antécédents de dépression

    Bien que les antécédents de dépression constituent un facteur de risque connu de dépression du post-partum, les auteurs ont été surpris par l'ampleur de l'augmentation du risque observé dans cette étude. C'est surprenant non seulement dans la mesure où un antécédent de dépression prédit la dépression du post-partum, mais aussi par la façon dont peu de cas de dépression post-partum ont eu lieu sans antécédents de dépression. La dépression du post-partum sans antécédents de dépression est beaucoup plus rare qu'imaginé auparavant

    Rôle des accouchements prématurés

    Le risque de dépression du post-partum est modérément augmenté en cas d’accouchement prématuré (moins de 32 semaines de gestation) (RR, 1,36; IC à 95%: 1,05-1,75).
    Des études antérieures avaient été moins concluantes vis-à-vis du lien entre accouchement prématuré et la dépression du post-partum. Le lien qui est objectivé dans cette nouvelle étude peut découler du format de l'étude, qui comprenait de nombreuses femmes suivies sur une année complète après l'accouchement. Cela a permis aux chercheurs de prendre en compte les dépressions tardives.

    En pratique

    Il est désormais évident que le diabète gestationnel et la dépression du post-partum doivent désormais être considérés comme 2 maladies associées.
    Le diabète augmente le risque de dépression du post-partum chez toutes les femmes mais, parmi celles qui ont eu un épisode dépressif dans le passé, avoir un diabète gestationnel augmente également ce risque de 70%.

    Bien que les importantes fluctuations hormonales au cours de la grossesse et de l'accouchement soient communément considérées comme responsables de l'apparition de la dépression du post-partum, les auteurs de l’étude soulignent qu'un autre mécanisme est possible, et ce serait l'inflammation. Il existe, en effet, une relation étroite entre les cytokines inflammatoires et la dépression et entre ces cytokines et le diabète.
    L'association n'implique pas la causalité, mais nous savons que les cytokines inflammatoires ont des effets importants sur le métabolisme hormonal et les neurotransmetteurs dans les régions du cerveau qui régulent l'émotion, comme l'axe hypothalamo-hypophysaire.

    Dans la mesure où le diabète et la dépression pendant la grossesse sont indépendamment associés à un risque de complications obstétricales, de naissance prématurée et de complications néonatales, ces résultats soulignent la nécessité d’une prise en charge spécifique de ces femmes avec diabète gestationnel et antécédent de dépression. Elles sont à risque de dépression du post-partum et de complications obstétricales : l’organisation de consultation de suivi et d’une prise en charge spécifique s’impose.

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