Psychiatrie

Dépression : l'exercice physique est à prescrire selon différentes modalités

Plusieurs modalités d'activité physique semblent intéressantes au cours de la dépression (marche, jogging, exercices aérobiques mixtes, entraînement musculaire, yoga, tai-chi, qigong) et bien tolérées (en particulier l'entraînement musculaire et le yoga). Les effets sur le syndrome dépressif semblent proportionnels à l'intensité de l'exercice prescrit et seraint plus intéressant pour les exercices en groupe.

  • Lordn/istok
  • 20 Fév 2024
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    La dépression est l'une des principales causes d'invalidité, et l'exercice physique est souvent recommandé en complément des traitements de première intention tels que la pharmacothérapie et la psychothérapie. Les recommandations de pratique clinique aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie préconisent l'activité physique dans le cadre du traitement de la dépression, mais ces recommandations ne sont pas claires, ni cohérentes, en ce qui concerne la quantité ou les modalités d'exercice.

    Selon une revue systématique et une méta-analyse en réseau publiée dans le BMJ, l'exercice physique serait bien un traitement efficace de la dépression. La marche ou le jogging, le yoga et la musculation seraient plus efficaces que les autres activités physiques, en particulier lorsqu'elles sont intenses. Le yoga et la musculation ont été bien tolérés par rapport aux autres activités. L'exercice semble aussi efficace pour les personnes ayant ou non des comorbidités, ainsi que celles souffrant de différents niveaux de dépression à l’inclusion.

    Une méta-analyse sur 218 études et plus de 14 000 patients

    Par rapport à des contrôles actifs (par exemple, soins habituels, comprimé placebo), des réductions modérées de la dépression sont observées pour la marche ou le jogging (n=1210, κ=51, g de Hedges -0,62, IC à 95 % -0,80 à -0,45), le yoga (n=1047, κ=33, g -0. 55, -0,73 à -0,36), la musculation (n=643, κ=22, g -0,49, -0,69 à -0,29), les exercices aérobiques mixtes (n=1286, κ=51, g -0,43, -0,61 à -0,24) et le tai-chi ou qigong (n=343, κ=12, g -0,42, -0,65 à -0,21).

    Les effets de l’activité physique seraient proportionnels à l'intensité prescrite. La musculation et le yoga semblent être les modalités les plus acceptables. Les résultats semblent résistants aux biais de publication, mais une seule étude répondait aux critères Cochrane de faible risque de biais. Par conséquent, le niveau de confiance (en accord avec CINeMA) est faible pour la marche ou le jogging et très faible pour les autres traitements.

    Une activité selon les préférences du patient.

    Prises isolément, les modalités d'exercice les plus efficaces seraient la marche ou le jogging, le yoga, la musculation et la danse. Le yoga serait un peu plus efficace chez les adultes plus âgés, et la musculation serait plus efficace chez les plus jeunes.

    Les bienfaits de l'exercice physique tendent à être proportionnels à l'intensité prescrite, une activité intense ayant plus d'effet. Les bénéfices sont les mêmes pour différentes doses hebdomadaires, pour des personnes souffrant de différentes comorbidités ou pour différents niveaux de base de la dépression.

    Bien que la confiance dans de nombreux résultats d’études soit faible, les recommandations de traitement actuelle peuvent être considérée comme trop conservatrices puisqu’elles recommandent sous condition l'exercice physique comme traitement complémentaire ou même traitement alternatif pour les patients chez qui la psychothérapie ou la pharmacothérapie est soit inefficace, soit inacceptable. Les recommandations relatives à la dépression devraient plutôt inclure des prescriptions d'exercices et envisager d'adapter l’activité aux caractéristiques et aux préférences des participants, tout en recommandant les activités physiques dont l’intensité est la plus vigoureuse.

    Comment marche l’activité physique au cours de la dépression ?

    Cette étude ne met pas en évidence de mécanismes de causalité clairs, mais les tendances observées sont utiles pour formuler des hypothèses. Classiquement, l'exercice physique favorise la croissance de nouveaux neurones dans le cerveau, en particulier dans l'hippocampe, une région impliquée dans la régulation des émotions et la réponse au stress mais il est peu probable qu'un mécanisme causal unique explique tous les résultats de l'étude. Les auteurs supputent plutôt qu'une combinaison d'interactions sociales, de pleine conscience, d'efficacité personnelle accrue, d'immersion dans des espaces verts, de mécanismes neurobiologiques et d'affect positif aigu, se conjuguent pour produire des résultats.

    Des méta-analyses ont montré que chacun de ces facteurs est associé à des diminutions des symptômes dépressifs, mais aucun traitement unique ne couvre tous les mécanismes. Certains peuvent favoriser plus directement la pleine conscience (par exemple, le yoga), être plus sociaux (par exemple, l'exercice physique en en groupe comme le tai-chi), se dérouler dans des espaces verts (par exemple, la marche), procurer un affect plus positif (par exemple, le « runner's high ») ou être plus propices à des adaptations aiguës susceptibles d'accroître l'auto-efficacité (par exemple, la force).

    En conclusion

    Dans cette revue systématique avec méta-analyse d'essais contrôlés randomisés, l'exercice physique montre des effets modérés sur la dépression par rapport à des témoins actifs, soit seul, soit en combinaison avec d'autres traitements établis tels que la thérapie cognitivo-comportementale.

     

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    JDF