Pneumologie
BPCO : des symptômes sans obstruction bronchique
La BPCO est caractérisée par l’existence d’une obstruction bronchique. Pourtant, un certain nombre de fumeurs souffrent de symptômes tels que des exacerbations alors que leur fonction respiratoire est préservée.
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Le diagnostic de la BPCO repose sur la mise en évidence d’une obstruction bronchique. Pourtant de nombreux fumeurs ou ex-fumeurs se plaignent de symptômes respiratoires pour lesquels ils sont d’ailleurs traités alors que leur fonction respiratoire est préservée. Ce constat est objectivé dans une étude académique publiée dans le New England Journal of Medicine.
Cette étude de cohorte observationnelle prospective a inclus 2726 individus, fumeurs actifs, anciens fumeurs et contrôles n’ayant jamais fumé, chez qui ont été mesurés leurs symptômes respiratoires en utilisant le score CAT (COPD assessment test). Ce score comporte un certain nombre de symptômes de BPCO tels que dyspnée, capacité à l’exercice, toux et expectoration. Le caractère symptomatique a été défini par un score CAT supérieur à 10, en analogie avec la BPCO.
Des symptômes chez un fumeur sur 2
L’obstruction bronchique a aussi été recherchée et définie par un rapport VEMS/capacité vitale forcée supérieur ou égal à 0,70 et une CVF supérieure à la limite inférieure de la normale après bronchodilatateur.
Dans cette cohorte, des symptômes respiratoires sont retrouvés chez 50 % des fumeurs et anciens fumeurs avec une fonction respiratoire préservée. Le taux d’exacerbations chez les fumeurs symptomatiques est significativement plus élevé que celui observé chez les fumeurs asymptomatiques et les sujets contrôles non fumeurs. De plus, ces personnes symptomatiques ont une capacité à l’effort plus limitée, un VEMS plus faible, un épaississement bronchique au scanner supérieur, comparé aux fumeurs asymptomatiques.
Par ailleurs, 42 % des fumeurs symptomatiques de cette cohorte utilisent des médicaments bronchodilatateurs et 23 % des corticoïdes inhalés, alors qu’il n’existe pas de preuves scientifiques d’efficacité de ces traitements chez ces patients.
D’autres études devront donc maintenant préciser les symptômes de ces patients, leur devenir et l’éventuelle évolution vers la BPCO, ainsi que la façon de les traiter.
D’après un entretien avec le Pr Pierre-Régis Burgel, pneumologue, Hôpital Cochin, Paris

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