Etude française

Etiquetage nutritionnel : le code à 5 couleurs prédit les risques de cancer

L’étiquetage nutritionnel à 5 couleurs pourrait s’avérer plus bénéfique que prévu. Le score sur lequel il s’appuie permet de prédire le risque de cancer causé par l’alimentation.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Franck LODI/SIPA
  • 22 Oct 2015
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    Les étiquettes des aliments présents dans votre placard pourraient indiquer votre risque de développer un cancer. Une équipe française s’est intéressée au lien entre équilibre alimentaire et développement de tumeurs. Elle a utilisé pour cela le score FSA-NPS, qui devrait prochainement être utilisé pour indiquer la valeur nutritionnelle des aliments en magasin. Les résultats, parus dans le British Journal of Nutrition, permettent de faire le lien entre mauvais choix dans l’assiette et  surrisque de cancer.

    L’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN) signe cette étude qui évalue le lien entre la qualité de l’alimentation et le cancer. Les 6 435 participants de la cohorte SU-VI-MAX (Supplémentation en Vitamines et Minéraux AntioXydants), démarrée en 1994 et clôturée en 2007, ont rempli au moins 6 questionnaires répartis sur 2 années. Ils y ont détaillé le contenu exact de leurs différents repas sur des tranches de 24 heures.

    Risque accru de 34 %

    Grâce à ces données, les auteurs ont calculé le score de chaque aliment en tenant compte de sa teneur en calories, sucres simples, acides gras saturés, sodium, fibres, protéines, fruits et légumes. « Il sert de base au système à 5 couleurs baptisé 5-C (vert, jaune, orange, rose fuschia, rouge) proposé par les scientifiques et considéré par le Haut conseil de la santé publique comme la signalétique la plus pertinente pour orienter les choix alimentaires des consommateurs », explique le Dr Mathilde Touvier, qui coordonne les recherches, dans un communiqué. Un ensemble précis qui a permis de calculer le score de qualité de l’alimentation générale de chaque participant.

    Après un suivi médian de 12,6 ans, 453 cancers ont été diagnostiqués chez les participants. Cancers du sein et de la prostate exclus, les volontaires dont l’alimentation était la moins équilibrée sont 34 % plus à risque que ceux dont l’assiette est la mieux garnie. Une association particulièrement forte lorsque l’apport énergétique est modéré. Cela confirme l’intérêt préventif d’un bon équilibre alimentaire. Mais surtout, selon les auteurs, cela pourrait suggérer « que cet effet bénéfique serait contrebalancé par un fort apport calorique. » D’où l’importance de veiller à la qualité mais aussi à la quantité de nourriture ingérée.

    Des résultats à confirmer

    Comment expliquer ce lien ? La littérature est assez prolifique dans ce domaine. L’obésité, notamment, est associée à une augmentation du risque de cancers des voies digestives. Or, un déséquilibre alimentaire favorise la prise de poids. D’autres travaux ont suggéré un lien entre excès de sel et cancers gastriques. A l’inverse, les bonnes habitudes se révèlent bénéfiques puisque les fibres protègent du cancer colorectal, et les fruits et légumes auraient tendance à réduire le risque de cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, de l’estomac et des poumons.

    « Nous sommes en train de confirmer ce point en analysant des cohortes d’effectifs plus importants, notamment la cohorte Nutrinet-Santé, au sein de laquelle plus de 2 000 cancers ont été déclarés, tempère le Dr Mathilde Touvier. Nous avons également entamé des démarches pour reproduire ces analyses dans d’autres cohortes européennes. » Une chose est sûre : l’étiquetage nutritionnel doit se clarifier pour favoriser une alimentation plus saine.

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    JDF