Rhumatologie

Spondylarthrite : les AINS à forte dose augmentent le risque cardiovasculaire

Chez les patients souffrant de spondylarthrite ankylosante (SpA), des doses élevées d'anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) augmenteraient le risque de maladies cardiovasculaires, telles que les cardiopathies ischémiques, les accidents vasculaires cérébraux et l'insuffisance cardiaque congestive, par rapport à des doses plus faibles.

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  • 14 Mai 2024
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    Les AINS peuvent agir sur l'inflammation articulaire et entésopathique et soulager les douleurs chez les patients souffrant de spondylarthrite ankylosante (SpA), mais un traitement sur le long terme avec des AINS peut poser des problèmes de toxicité gastro-intestinale et rénale et augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.

    Pour étudier le risque de maladie cardiovasculaire associé à des doses élevées d'un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) chez les patients atteints de spondylarthrite ankylosante (SpA), une équipe de chercheurs coréens a mis en place une étude de cohorte prospective et nationale à partir de la base de données de l'assurance maladie nationale coréenne.

    Selon les résultats publiés dans Annals of the Rheumatic Diseases, chez des patients atteints de SpA, une dose élevée d'AINS serait associée en vie réelle à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires, notamment de cardiopathies ischémiques, d'accidents vasculaires cérébraux et d'insuffisances cardiaques congestives.

    Une large cohorte nationale

    Les chercheurs ont recruté 19 775 patients (âge moyen, 36,1 ans ; 75% d'hommes) souffrant de SpA récemment diagnostiquée et sans antécédent de maladies cardiovasculaires, parmi lesquels 99,7% ont reçu un traitement par AINS et 30,2% un traitement par anti-TNF.

    Une analyse « time-varying » a été utilisée pour évaluer l'exposition aux AINS, les périodes d'utilisation d'AINS étant définies comme « exposées aux AINS » et les périodes de plus d'un mois sans utilisation d'AINS étant définies comme « non exposées aux AINS ». Le critère principal était un critère composite regroupant cardiopathie ischémique, accident vasculaire cérébral ou insuffisance cardiaque congestive.

    Un sur-risque cardiovasculaire modéré

    Au cours de la période de suivi qui est de 98 290 personnes-années, 1663 cas de maladies cardiovasculaires ont été identifiés, dont 1157 cas de cardiopathie ischémique, 301 cas d'accident vasculaire cérébral et 613 cas d'insuffisance cardiaque congestive. Après ajustement sur les facteurs confondants, chaque augmentation de la dose quotidienne définie d'AINS fait progresser le risque de maladie cardiovasculaire incidente de 10% (rapport de risque ajusté [RRA], 1,10 ; IC à 95%, 1,08-1,13).

    De même, augmenter la dose d'AINS serait associé à un risque accru de cardiopathie ischémique (aHR, 1,08 ; IC à 95 %, 1,05-1,11), d'accident vasculaire cérébral (aHR, 1,09 ; IC à 95 %, 1,04-1,15) et d'insuffisance cardiaque congestive (aHR, 1,12 ; IC à 95 %, 1,08-1,16). L'association entre l'augmentation de la dose d'AINS et le risque accru de maladies cardiovasculaires est retrouvée constante dans divers sous-groupes, les AINS constituant une plus grande menace pour la santé cardiovasculaire chez les femmes que chez les hommes.

    Il s’agit d’une étude observationnelle n’établissant en rien une causalité, mais, selon les auteurs, « pris avec d’autres, ces résultats suggèrent qu'augmenter la dose d'AINS est associé à un risque cardiovasculaire plus élevé dans la SpA, mais que cette majoration du risque pourrait être inférieure à celle de la population générale. »

     

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    JDF