En Europe

Drogues : des hackers pour lutter contre le trafic sur Internet

L’agence européenne des drogues va s’équiper d’un réseau de hackers et de trafiquants repentis pour lutter contre l’essor du marché des drogues sur Internet.

  • Par Marion Guérin
  • David Pearson/REX/REX/SIPA
  • 05 Jan 2017
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    Le marché de la drogue ressemble à celui des vêtements ou des livres : il se développe à toute allure sur Internet. De plus en plus de consommateurs acquièrent des substances psychoactives sur le Web (notamment sur le « darknet »), où les « Nouveaux Produits de Synthèse » (NPS) se multiplient à une vitesse folle – il s’en découvre un nouveau chaque semaine en Europe.

    Ce marché numérique de la drogue alerte les autorités européennes qui estiment que c’est bien là, sur ces places virtuelles, que doit désormais se concentrer la lutte contre le trafic. 

    Hackers et trafiquants repentis

    De fait, de très nombreux NPS sont légaux, puisque leur composition chimique n’a pas encore été intégrée aux listes de produits interdits par les Etats. Ainsi, fabricants et revendeurs ont toujours un coup d’avance sur les autorités, qui doivent allonger progressivement la liste des substances interdites mais dont l’action arrive bien trop tard, alors que d’autres NPS légaux ont déjà vu le jour.

    Pour mieux comprendre les méthodes déployées sur Internet et anticiper ce trafic qui diffère en bien des points du deal traditionnel, l’Europe va embaucher des hackers, révèle le journal Le Soir. Le quotidien belge a eu accès à la « nouvelle stratégie pour 2025 » de l’EMCDDA, l’Observatoire Européen des Drogues. Le document dresse les grandes orientations de l’agence européenne pour les années à venir.

    Selon le quotidien, l’agence va s’équiper d’un réseau de hackers et de trafiquants de drogues repentis, sortes de « garde-chasse », afin de surveiller ce trafic 2.0. « Il faut évidemment s’appuyer sur d’anciens braconniers assagis ou repentis », explique le Belge Alexis Goosdeel, qui dirige l’organisme, cité par Le Soir.

    Phénomène limité en France

    Le phénomène reste marginal en France, à en croire le dernier numéro de la revue Tendances de l’OFDT (Observatoire Français des drogues et des toxicomanies). Les consommateurs de l’Hexagone semblent avoir un attrait encore limité pour ces nouvelles substances et, plus globalement, pour l’achat de drogues sur Internet, bien que cette dernière tendance se développe lentement.

    « Même si les discours et les signaux témoignent d’une montée en puissance, ce mode d’achat reste l’apanage de quelques-uns, notait ainsi l’OFDT en décembre. Il exige non seulement de planifier sa consommation à l’avance, mais également du matériel informatique, un minimum de connaissances pour accéder aux sites de vente et réaliser la transaction, ainsi que pour se protéger des risques d’escroqueries ».

    En France, selon l’Observatoire français, ceux qui ont recours à ce mode d’achat sont, souvent, des « usagers isolés, plutôt insérés socialement et éloignés du monde des drogues, ou des revendeurs qui achètent pour d’autres usagers ou encore pour dealer ».

     

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    JDF