Méta-analyse dans le Lancet

Antidépresseurs : plus de risques que de bénéfices chez les ados

Les enfants et adolescents qui souffrent de dépression sévère ne tirent aucun bénéfice des antidépresseurs. Ces médicaments comportent parfois plus de risques pour eux.

  • Par Audrey Vaugrente
  • photographee.eu/epictura
  • 11 Jun 2016
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    Les antidépresseurs pourraient apporter plus de risques que de bénéfices pour les jeunes patients. Une méta-analyse, parue dans le Lancet, suggère que ces médicaments devraient être prescrits avec plus de prudence. Chez les adolescents et les enfants, la plupart d’entre eux sont inefficaces. Pire : certains sont associés à un risque accru de pensées suicidaires.

    8 % d’ados touchés

    La part d’enfants et d’adolescents touchés par la dépression sévère n’est pas négligeable : environ 3 % des enfants de 6-12 ans et 8 % des 13-18 ans en souffrent. Avec cette revue de la littérature, les auteurs ont rassemblée 34 essais cliniques – publiés ou non – qui portent sur un total de 5 260 participants âgés de moins de 18 ans. Tous évaluaient les effets de 14 antidépresseurs chez ces jeunes patients.

    A part la fluoxétine (Prozac, Sarafem), l’ensemble des médicaments sont aussi inefficaces qu’un placebo pour soulager les symptômes d’une dépression sévère. La nortriptyline (Sensoval, Aventyl…) est même moins efficace que le placebo !

    La méta-analyse livre des résultats encore plus inquiétants : à cause de leur mauvaise tolérance, trois antidépresseurs ont provoqué de nombreux arrêts de traitement. L’un d’entre eux, la venlafaxine (Effexor) est même associé à un risque accru de pensées suicidaires et de tentatives de suicide.  « Nous recommandons une surveillance étroite des enfants et des adolescents sous antidépresseurs, quels qu’ils soient, particulièrement au début du traitement », tranche le Pr Peng Xie, de l’université médicale de Chongqing (Chine), co-auteur de l’étude.

    La psychothérapie en priorité

    Les chercheurs soulignent toutefois un défaut majeur, commun à toutes les études qu’ils ont analysées : les données personnelles des patients manquent. Ils n’ont donc pas pu examiner plus précisément les effets des antidépresseurs. Ces conclusions sont donc à prendre avec des pincettes selon eux. « Sans accès aux données individuelles, il est difficile d’estimer de manière précise l’effet du médicament », déplore le Dr Andrea Cipriani, de l’université d’Oxford (Royaume-Uni). Sans compter que les travaux étaient souvent menés auprès de petites populations.

    En France, les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sont claires : le traitement de référence de l’adolescent reste la psychothérapie. Ce n’est qu’après 4 à 8 semaines de prise en charge sans effet que l’approche médicamenteuse devient possible, en complément de la psychothérapie.

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    JDF