Pneumologie

Cancer : un dépistage par un test totipotent faisable et sans danger pas encore au point

 

Le dépistage du cancer par dosage de marqueurs sanguins suivi d'un TEP-scanner parait faisable et sans danger à condition de détecter des cancers curables en proportion suffisante. D’après un entretien avec Sébastien COURAUD.

  • 02 Jul 2020
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    Une étude, dont les résultats sont parus en avril 2020 dans Science, a cherché à monter l’intérêt d’un test sanguin multi-organes, suivi d’un PET Scan, dans le cadre du dépistage de cancers. La cohorte comportait 10 000 femmes à risque, âgées de 65 à 75 ans, qui ont bénéficié d’un premier test sanguin, confirmé par un second en cas de positivité, puis complété par un PET Scan, lorsque les deux tests étaient positifs. Au total, 26 femmes ont eu un diagnostic de cancer, dont 65% aux stades 3 et 4.

     

    Dépistage sous-entend stade curable

    Le professeur Sébastien COURAUD chef de service de Pneumologie du Centre Hospitalier Lyon Sud, explique que cette méthode n’est ni innovante ni révolutionnaire : la recherche d ‘altérations somatiques de l’ADN circulant et des protéines « marqueurs » de cancers sont simplement réalisés ici en une seule fois. La méthodologie par étape, avec un second test sanguin de confirmation puis le PET scan a abouti à 5% de résultats positifs au premier test, 1% après le second test soit 134 participantes sur 10 000.

    Sur ces dernières 26 ont eu un diagnostic de cancer dont 65% au stade3 et 4, or, comme le rappelle Sébastien COURAUD, le principe du dépistage est de détecter une maladie encore curable, en proportion suffisante, dans le but d’augmenter la survie globale. De plus, il souligne que sur les 26 cas détectés, onze ont été symptomatiques au cours du processus, que 24 autres patients ont été dépistés par les techniques habituelles et que 46 autres ont eu un cancer découvert de manière fortuite.

     

    Quelques faiblesses dans l’étude

    Sébastien COURAUD relève que, si la tolérance de la méthodologie de l’étude est bonne, aucune échelle de qualité de vie ni d’anxiété n’y est présente. Le process est long et aucun débat sur l’anxiété des patientes n’a eu lieu. De plus, il souligne l’absence d’information sur la toxicité financière, en matière de politique de santé publique. En effet, un premier test cher, dupliqué, suivi d’un PET scan n’est pas du moindre coût. Enfin, le sujet de l’irradiation d’un PET scan pratiqué sur 10 000 femmes n’est pas traité. Le PET scan n’est pas un outil de dépistage mais de diagnostic pour localiser un cancer.

     

    En conclusion, un test totipotent dans le dépistage du cancer viendra probablement mais ce n’est pas encore faisable avec cette technique sans un affinement préalable tant au niveau du coût que de l’efficacité…

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    JDF