Diabétologie

Dépistage du diabète de type 2 : pourquoi et pour qui ?

Dans une étude de cohorte comprenant plus de 165 000 patients, les auteurs mettent en évidence que 1700 patients (soit 1 %) ont un diabète méconnu à l’inclusion et qu’il faudra une durée médiane de 2,2 ans pour que ces patients reçoivent un diagnostic clinique et débutent une prise en charge adaptée.

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  • 22 Fév 2023
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    Le dépistage du diabète permet de découvrir la maladie avant qu’elle ne soit symptomatique ou compliquée (prévalence des complications micro angiopathiques à la découverte en France = 5 %). Les recommandations concernant les cibles et les modalités de ce dépistage varient dans le monde : HbA1c pour tous les patients de plus 35 ans aux USA ainsi que pour les adultes à haut risque entre 40 et 74 ans au Royaume Uni, et glycémie à jeun chez les patients à haut risque et de plus de 45 ans en France. Malgré ces recommandations, on estime qu’aux USA comme en France, 20 % des diabétiques de type 2 ignorent qu’ils le sont.

    La cohorte UK Biobank

    La UK Biobank est une étude prospective, récemment paru dans le journal Springer, avec plus de 500 000 participants âgés de 40 à 69 ans lorsqu'ils ont été recrutés en 2006 – 2010. L'étude a recueilli -et continue de recueillir- de nombreux détails phénotypiques et génotypiques sur ses participants, et permet le suivi longitudinal d’un large éventail de problèmes de santé.

    Ici les auteurs se sont intéressés aux patients dont le résultat de l’HbA1c à l’inclusion était pathologique (i.e ≥ 6,5 %), alors qu’ils n’étaient pas connus comme diabétiques. Puisque les résultats biologiques d’inclusion n’étaient communiqués ni au patient ni à son médecin, il a été possible d’évaluer le délai entre ce diagnostic biologique de « diabète méconnu » et le diagnostic clinique effectif de diabète.

    Des chiffres loin d’être anecdotiques

    179 923 patients avaient une HbA1c à l’inclusion et des données de suivis longitudinales disponibles.

    Au total, 1,0 % (n = 1 703) des 165 143 participants sans diagnostic de diabète préexistant avaient un diabète méconnu à l’inclusion. Ce groupe représente 13,0 % supplémentaires des cas de diabète dans la population étudiée par rapport aux 13 077 avec un diabète préexistant.

    Parmi les patients sans diabète préexistant, les facteurs de risque d’avoir un diabète méconnu étaient, comme attendu, l’âge plus avancé, être un homme, avoir un IMC plus élevé et avoir un niveau socio-économique plus faible.

    Au cours du suivi (durée médiane de suivi 7,3 ans), 87,7 % de ces patients ont bénéficié d’un diagnostic clinique de diabète, avec une durée médiane entre l’inclusion et ce diagnostic de 2,2 ans. Ce délai diagnostic était plus court pour les hommes hommes ayant un IMC ≥ 30kg/m².

    Des algorithmes de dépistage usuels avec des résultats moyens

    Les auteurs ont pu, grâce à ces données rares, évaluer les performances diagnostiques de 5 différentes stratégies de dépistage : l’âge (≥ 60 ans), l’IMC (≥ 30kg/m²), le Leicester Risk Score (LSR), l’ADA Risk Test Score (ADA-RTS) et le Finnish Diabetes Risk Score (FINDRISC). La stratégie ayant le meilleur rendement était celle de l’IMC, avec seulement 39 patients à tester pour diagnostiquer un diabète, mais avec le risque de rater plus de 40 % des patients diabétiques méconnus. A l’inverse le FINDRISC a la meilleur sensibilité (> 90 %) mais nécessite de tester 68 patients pour diagnostiquer un diabète.

    En conclusion, le dépistage du diabète est un vrai enjeu de santé publique qui permettrait de débuter la prise en charge des 10 à 20 % de diabète méconnu dans la population générale 2 ans plus tôt, mais les algorithmes actuels ont encore des performances que moyennes. A noter que le dépistage par HbA1c n’est à ce jour pas recommandé en France.

     

     

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    JDF