Gynéco-obstétrique

FIV : un risque majoré d’HTA gravidique et de prééclampsies avec les embryons congelés

Au cours d’une fécondation in vitro ou d’un cycle artificiel, la préparation de l'utérus par des hormones est significativement associée à un risque vasculaire plus élevé. Le risque est majoré en cas de transfert d’embryons congelés.

  • Blue Planet Studio/istock
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  • 01 Jul 2021
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    Une vaste étude de cohorte tirée du registre national des FIV en France, qui comprend près de 70 000 grossesses accouchées après 22 semaines de gestation entre 2013 et 2018, révèle un risque plus élevé de prééclampsie et d'hypertension artérielle au cours des grossesses issues de transferts d'embryons congelés-décongelés.

    Ce risque est significativement plus élevé au cours des cycles artificiels où l'utérus est préparé à l'implantation par des traitements hormonaux de substitution. Ces résultats confirment des données en vie réelle qui ont été observé dans d'autres études. Cette étude a été présenté par l’équipe du Pr Sylvie Epelboin au congrès de l’ESHRE.

    Un risque vasculaire

    La cohorte de grossesses issues de FIV et d'ICSI de la base de données nationale française a été divisée en trois groupes : un groupe de grossesses issues d'un transfert d'embryons congelés dans un cycle naturel « ovulatoire » (stimulé ou non) (n = 9 500) ; celles issues d'un transfert d'embryons congelés avec traitement hormonal substitutif (n = 10 373) ; et les transferts frais classiques (n = 48 152).

    Il existe un taux plus élevé de prééclampsie avec des embryons congelés transférés dans le cadre d'un cycle congelé artificiel (c'est-à-dire préparé avec une hormonothérapie) (5,3%) que dans le cadre d'un cycle ovulatoire (2,3%) ou un cycle frais (2,4 %).

    Les mêmes différences sont observées pour les hypertensions induites par la grossesse (4,7% vs 3,4% vs 3,3%). Ces différences sont statistiquement significatives, même après ajustement des caractéristiques maternelles (âge, parité, tabac, obésité, antécédents de diabète, hypertension, endométriose, ovaires polykystiques, insuffisance ovarienne prématurée).

    Une confirmation de données précédentes

    Le risque de prééclampsie et d'autres troubles liés à la grossesse a été évoqué dans un nombre croissant d'études sur les transferts d’embryons congelés en FIV. Cependant, on sait que les risques globaux de morbidité maternelle sont généralement plus faibles dans les grossesses résultant d'un transfert d'embryons congelés que dans celles résultant de transferts frais, sauf en ce qui concerne le risque de prééclampsie.

    Si certaines études ont observé de tels risques dans les transferts d'embryons congelés, peu d'entre elles, ont comparé les morbidités vasculaires maternelles avec les deux environnements hormonaux qui président aux premiers stades du développement embryonnaire.

    Effet protecteur du corps lutéal

    Ces résultats mettent en évidence deux considérations importantes pour la FIV : les effets vasculaires potentiellement néfastes des doses élevées et prolongées des traitements hormonaux substitutifs utilisés pour préparer l'utérus à l'implantation d'embryons congelés-décongelés ; et l'effet protecteur d'un corps lutéal, qui est présent dans les cycles naturels ou stimulés pour le transfert d'embryons.

    Le traitement hormonal substitutif administré pour préparer l'utérus au transfert d'embryons supprime l'ovulation et donc la formation du corps lutéal.

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    JDF