Covid-19 : le tocilizumab réduit les décès chez les patients hospitalisés avec hyperinflammation

Le tocilizumab, un traitement anti-inflammatoire anti-IL6r, réduit le risque de décès des patients hospitalisés pour Covid-19 avec hyperinflammation. Cet anti-IL6r réduit aussi le risque de ventilation mécanique et raccourcit le délai de sortie de l’hôpital.

Dans la vaste étude randomisée nationale britannique RECOVERY, le tocilizumab en sus de la dexaméthasone réduit significativement les décès : 596 des patients du groupe tocilizumab (29%) sont décédés à 28 jours contre 694 patients du groupe de traitement standard (33%) (rapport de taux 0,86 ; IC à 95% 0,77 à 0,96 ; p=0-007).

C’est une différence absolue de 4% qui se traduit en pratique par une vie sauvée pour 25 patients traités par le tocilizumab.

Sortie plus précoce de l’hôpital

Le tocilizumab augmente également de 47% à 54% la probabilité de sortie de l’hôpital à 28 jours (rapport de taux 1,23, IC à 95% 1,12 à 1,34, p<0-0001), selon le niveau de gravité. Ces avantages sont observés quel que soit le sous-groupe de malades, que ce soient ceux qui ont besoin d'oxygène via un simple masque facial ou ceux qui sont sous ventilation mécanique dans une unité de soins intensifs.

Parmi les patients qui n'étaient pas sous ventilation mécanique invasive au moment de leur admission dans l'essai, le tocilizumab a réduit de manière significative la probabilité de passer sous ventilation mécanique invasive ou de décéder, de 38% à 33% (rapport de risque 0,85, IC à 95% 0,78 à 093, p=0-0005).

Un vaste essai national randomisé

L'essai national britannique RECOVERY teste depuis mars 2020 une série de traitements potentiels pour la Covid-19. Le tocilizumab, un traitement antiinflammatoire anti-IL6r de la polyarthrite rhumatoïde, a été ajouté à l'essai en avril 2020 pour les malades Covid-19 qui avaient besoin d'oxygène et avaient des signes d'inflammation importante (syndrome hyperinflammatoire).

Au total, 2022 patients ont été randomisée pour recevoir le tocilizumab en perfusion intraveineuse et ont été comparés à 2094 patients avec uniquement le traitement standard, dont la dexaméthasone chez 82% des patients.

Une efficacité en add-on

En juin 2020, l'essai RECOVERY avait montré que la dexaméthasone (6 mg), un corticoïde à dose moyenne, peu coûteux et largement disponible, réduisait la mortalité des patients atteints de Covid-19 grave. Ce traitement a rapidement fait partie du traitement standard administré à tous ces malades.

Les bénéfices du tocilizumab, testés dans plusieurs études ont donné des résultats contradictoires dans plusieurs études, selon que les malades avaient un syndrome hyperinflammatoire ou pas (facteur explicatif). Les chercheurs de RECOVERY ont donc considéré que les bénéfices d’un anti-IL6r pouvaient s'ajouter à ceux de la dexaméthasone chez les malades hyperinflammatoires.

Une communication RECOVERY préliminaire

Ces résultats préliminaires de RECOVERY suggèrent que, chez les patients Covid-19 avec une hypoxie et une hyperinflammation, le traitement associant un corticoïde, comme la dexaméthasone, et du tocilizumab, un anti-IL6r par voie IV, réduit la mortalité d'environ un tiers chez les patients nécessitant un simple apport d'oxygène et de près de la moitié chez ceux nécessitant une ventilation mécanique invasive.

Les avantages du tocilizumab s'ajoutent donc à ceux de la dexaméthasone et améliorent les résultats par rapport aux malades qui ne prennent que de la dexaméthasone. Cette étude doit être soumise à une revue pour validation.

Une comparaison à notre désavantage

Cette étude nationale britannique montre la puissance d'essais cliniques bien conçus pour découvrir quels médicaments peuvent aider les patients en période de pandémie. A noter qu’un essai français dont on attend les résultats, CORIMMUNO, teste la même hypothèse sur une plus petite taille.

On comprend pourquoi les anglais nous battent régulièrement, au rugby comme dans l’histoire : ils sont organisés et travaillent ensemble. A côté de la réindustrialisation de la France, il faudra envisager d’apprendre aux français à travailler ensemble.