Témoignage

Confinement, ils témoignent : “Une entraide s'est mise en place entre les gens”

Marie-Eve, 41, confinée avec sa fille de 11 ans et infectée par le covid-19, a accepté de nous raconter son quotidien.

  • Par Barbara Azaïs
  • YakobchukOlena/iStock
  • 05 Avr 2020
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    “J'ai commencé à ressentir de fortes courbatures dans les jambes et le dos dans la nuit de mercredi à jeudi, la première semaine de confinement. Ça m'a réveillée. Je me suis demandé ce qu'il se passait, ça ne m'était jamais arrivé. J'avais l'impression qu'on tirait sur mes muscles. Je me sentais de plus en plus fatiguée, mais ça allait encore. Le samedi, j'ai perdu l'odorat et le goût et le lendemain, je me sentais enrhumée, mais surtout vraiment très fatiguée. Ça m'a fait bizarre. J'ai appelé mon médecin le mardi et au vu de ces symptômes, particulièrement de la perte de goût et d'odorat, elle m'a confirmé que c'était le Covid-19.

    “Je ne pouvais rien faire d'autre que dormir”

    Je n'avais pas de fièvre, ni de toux, ni même de grosses difficultés respiratoires, même si je sentais un poids sur la cage thoracique et que j'avais besoin de reprendre un peu mon souffle lorsque je parlais. J'ai ressenti une immense fatigue : je me levais pour préparer à manger à ma fille de 11 ans, manger (car si je n'avais plus de goût, j'avais tout de même de l'appétit) mais je retournais aussitôt me coucher. Je n'avais pas de force, je ne pouvais rien faire d'autre que dormir. J'étais dans le même état de fatigue et de faiblesse que si j'avais eu de la fièvre. C'est d'ailleurs ce qui est trompeur : les premiers jours tu te dis que tu as chopé un rhume. Surtout qu'au début, on associait le virus à une toux et de la fièvre, ce que je n'avais pas. 

    On a regardé des documentaires, fait une tarte, mais je dormais le reste du temps. Heureusement, ma fille n'a absolument rien eu. Je limitais au maximum les contacts avec elle pour la protéger, même si on vit ensemble, je nettoyais tout ce qu'on touchait toutes les deux et on aérait tous les jours. Elle est créative et manuelle, donc elle s'occupe beaucoup, elle m'a même cousu un masque avec plusieurs épaisseurs de tissus. Elle m'impressionne (rire). Elle me rassurait, me disait que c'était pas grave. J'ai eu de la chance qu'elle soit grande, même si... j'avais les boules de ne pas pouvoir plus m'occuper d'elle.

    “On est encore plus proches les uns des autres”

    La maîtresse nous envoie un fichier hebdomadaire d'exercices et de devoirs, un plan de travail détaillé, donc je l'ai aidée au début, mais après quand j'étais si mal, elle s'organisait seule. Parfois, elle appelle ses copines pour réviser en groupe. Ça pose aussi question: comment font les parents qui n'ont pas de matériel informatique ? Dans son école, le directeur a prêté des tablettes aux parents qui n'avaient pas d'ordinateur, mais comment font les autres ? Enfin, là ça va, mais les vacances scolaires vont peut-être être plus difficiles: les enfants vont avoir 15 jours sans devoirs, il va falloir les occuper. Heureusement, je trouve que beaucoup de choses culturelles ont été mises en place, notamment des visites virtuelles de musées. 

    On a une cour où elle peut faire de la corde à sauter, elle appelle mon frère tous les jours pour faire des concours. C'est l'avantage de cette crise sanitaire : on est encore plus proches les uns des autres. J'ai un groupe WhatsApp avec ma famille, on échange tous les jours. J'ai eu des nouvelles de personnes dont je ne savais plus rien depuis des années. Des proches nous ont déposé des fruits et légumes. Une entraide s'est mise en place entre les gens. 

    Certains autour de moi on eu de la fièvre, une toux importante et ont été obligés de faire déplacer des médecins, alors ne me plains pas car même si j'ai eu le covid-19, j'ai eu ‘une forme gentille’…”

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    JDF