"Un pas important"

Troubles anxieux : des marqueurs biologiques identifiées

Des chercheurs ont repéré des marqueurs biologiques qui pourraient expliquer les troubles anxieux. Des points communs ont par ailleurs été identifiés avec des risques de troubles bipolaires et de schizophrénie. 

  • Par Raphaëlle de Tappie
  • seb_ra/iStock
  • 08 Jan 2020
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    Les troubles anxieux constituent un ensemble de troubles psychologiques représentant plusieurs formes de peur et d'anxiété anormales ou pathologiques. Quand une personne en souffre, ces préoccupations par rapport à de futures menaces perçues deviennent disproportionnées, ce qui entraîne une détresse et une incapacité à faire face à la vie quotidienne. Le plus souvent, ces problèmes surviennent en même temps que d’autres troubles psychiatriques comme la dépression. Si certaines formes de psychothérapies, comme la thérapie cognitivo-comportementale ou des médicaments comme les inhibiteurs sélectifs de recaptage de la sérotonine, sont efficaces pour traiter les patients, à l’heure actuelle seulement un tiers des personnes atteintes de troubles anxieux sont prise en charge et l’origine de ces maux demeure floue. 

    Mais aujourd’hui, dans la plus grande étude génétique réalisée sur l’anxiété à ce jour, des chercheurs ont fait un “important pas en avant” en identifiant de nouveaux marqueurs biologiques qui pourraient expliquer ce trouble. A terme, ces résultats, parus ce mardi 7 janvier dans l’American Journal of Psychiatry, pourraient conduire à un nouveau traitement plus efficace. 

    Aux Etats-Unis, des chercheurs du VA Connecticut Healthcare Center et de l'université Yale ont utilisé les données de près de 200 000 participants au VA Million Veteran Program (MVP). Le MVP s'associe aux anciens combattants qui reçoivent des soins en Virginie pour étudier comment les gènes affectent la santé. “MVP a un énorme potentiel pour accroître nos connaissances sur la génétique qui sous-tend une vaste gamme de traits, y compris les traits psychiatriques. C'est l'un des meilleurs échantillons au monde à cet effet”, explique le docteur Joel Gelernter, qui a participé à l’étude.   

    Des points communs avec les troubles bipolaires et la schizophrénie

    Les scientifiques ont ainsi pu identifier cinq endroits sur le génome humain liés à l’anxiété chez les Américains d’origine européenne et un chez les Afro-Américains. Des variantes de gènes à ces endroits du génome pourraient augmenter le risque d’anxiété, explique l’étude.

    “Les minorités sont sous-représentées dans les études génétiques, et la diversité du Programme du million de vétérans était essentielle pour cette partie du projet. La variante génétique que nous avons identifiée n'existe que chez les individus d'ascendance africaine, et aurait été complètement absente dans les cohortes moins diversifiées”, explique le docteur Dan Levey, l’un des principaux auteurs de l’étude. 

    Autre découverte intéressante : les emplacements du génome liés à l’anxiété montrent un chevauchement avec d’autres troubles psychiatriques. L’une des localisations identifiées avait déjà été associée au risque de trouble bipolaire et de schizophrénie. Ici, l’étude montre également un chevauchement entre les symptômes d’anxiété et de dépression, le syndrome de stress post-traumatique et le névrotisme, un trait de personnalité connu pour augmenter le risque d’anxiété et de troubles associés. Ce chevauchement sera donc partiellement dû à un point commun génétique important.

    Des approches médicamenteuses plus ciblées

    Dans d’autres domaines de la médecine, les études génétiques ont déjà permis d’adapter le traitement médicamenteux aux profils biologiques et biochimiques individuels de nombreux patients. Aussi, les chercheurs espèrent qu’une meilleure connaissance génétique des troubles anxieux permettra d’adopter des approches similaires.

    Chez les adultes, 15% des individus présenteront un trouble anxieux sur une année. De façon plus globale, 21% des 18-65 ans présenteront un trouble anxieux à un moment ou un autre de leur vie, selon le site anxieté.fr. Mais les femmes sont généralement plus touchées, surtout les jeunes adultes. 

    Parmi les troubles anxieux, on retrouve les phobies spécifiques (trouble anxieux caractérisé par une peur irrationnelle face à des situations ou objets spécifiques), la phobie sociale (phobie du regard des autres) les troubles agoraphobes (peur de la foule) et le trouble panique (crise d’angoisses récurrentes et sévères).

     

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    JDF