Syndrome phalloïdien

Champignons : 10 000 intoxications et 22 morts entre 2010 et 2017

Dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé publique France met en garde contre la cueillette de champignons sauvages. En l’espace de sept ans, l’agence sanitaire a recensé 10 000 intoxications aux champignons, dont 22 mortelles.

  • Par Charlotte Arce
  • syaber/iStock
  • 12 Déc 2019
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    Partir en promenade dans les sous-bois à la recherche de girolles, de cèpes ou de bollets… Oui, mais à condition de s’y connaître, sous peine d’être victime d’une intoxication parfois grave.

    239 intoxications graves et 22 décès

    Dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), Santé publique France revient sur les risques liés à la cueillette de champignons sauvages. Selon l’agence sanitaire, 10 625 cas d’intoxication aux champignons ont ainsi été enregistrées en France entre 2010 et 2017. Parmi elles, 239 ont été classées comme graves et 22 personnes en sont décédées.

    Dans un cas sur deux, l’intoxication a été collective et a concerné au moins deux personnes. Parmi les personnes décédées, se trouvaient 10 hommes et 12 femmes, âgés de 38 à 88 ans. Pour 15 d’entre elles, la mort a été causée par un “syndrome phalloïdien”. Provoqué par les amanites phalloïdes (dans 11 cas sur 15), il se déclare en moyenne entre 10 et 12 heures après l’ingestion et cause des troubles gastro-intestinaux intenses (brûlures gastriques, diarrhées, vomissements, déshydratation…), ainsi qu’une atteinte du foie et des reins.

    Sept des intoxications mortelles ont quant à elle été causées par un “syndrome sudorien”. Causé par d’autres champignons, comme certaines espèces de clitocybes, il se déclare généralement entre 15 minutes et 2 heures après l’ingestion et cause des nausées, des vomissements, des diarrhées, des douleurs abdominales, des hypersécrétions salivaires ou encore une bradychardie et une hypotension. Si le syndrome sudorien est considéré comme “relativement peu dangereux”, il peut toutefois occasionner la mort “chez les patients présentant des antécédents cardiovasculaires.”

    Des intoxications au restaurant

    Plus inquiétant, révèle Santé publique France, si la majorité de ces intoxications ont eu lieu après que des particuliers ont cueilli eux-mêmes les champignons, certaines ont aussi été occasionnées par des champignons achetés dans le commerce : dans un magasin, au marché ou au restaurant. C’est le cas de 7,2% des intoxications recensées pour les années 2016 et 2017.

    “De nombreux facteurs interviennent dans ces intoxications : confusion d’une espèce comestible avec une espèce toxique, consommation de champignons comestibles en mauvais état, défaut de cuisson d’espèces secrétant des toxines thermolabiles (morilles, shiitake), quantité trop importante consommée (tricholome équestre), sensibilité individuelle (rosés des près et déficit en tréhalase, coprins et absorption d’alcool"”, détaille Santé publique France dans son BEH.

    Pour éviter toute intoxication, “il est indispensable de faire identifier sa récolte par un spécialiste en cas de doute sur la comestibilité d'un champignon, mais également de la photographier avant sa cuisson”, insiste l’agence sanitaire. Celle-ci recommande par ailleurs de “ne pas donner de champignons sauvages aux plus jeunes”. Sur les 10 000 patients intoxiqués, 3,3% étaient des enfants de moins de 5 ans. Le plus jeune n’était âgé que de 9 mois.

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    JDF