Allergies cutanées

Henné noir : des tatouages qui laissent des marques

Pendant leurs vacances, deux garçons tatoués au henné noir ont été victimes de graves réactions allergiques. Après un mois de traitement, des cicatrices sont toujours visibles.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • friday/epictura
  • 20 Avr 2017
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    Symbole abstrait sur les mains, motifs floraux sur les pieds, ou soleil dans le creux des reins… Les tatouages au henné parent notre peau dès que l’été approche. Mais cette technique ancestrale indienne et maghrébine est loin d’être sans danger. Deux petits garçons italiens de 8 et 9 ans partis en vacances en Egypte et en Albanie ont été victimes d’une grave allergie cutanée, rapporte des pédiatres de l’université de Pérugia (Italie) dans International Journal of Environmental Research & Public Health.

    Aigle sur l’avant bras pour l’un, dragon dans le dos pour l’autre, les deux garçons ont arboré fièrement leur tatouage temporaire. Tous les deux ont choisi le henné noir. « Dans la nature, le henné noir n’existe pas. Il est dérivé du henné rouge auquel on ajoute différentes substances, dont la plus importante est la paraphénylènediamine (PPD) », expliquent les auteurs. Ce produit chimique permet au dessin de persister plus longtemps sur la peau et être plus sombre. Bémol : sa présence dans la mixture peut provoquer des réactions allergiques graves. Actuellement en Europe, les produits cosmétiques n’ont pas le droit d’en contenir ou alors à des doses très faibles.

    Et malheureusement, les deux enfants ont rapidement été victimes de lésions cutanées. Au bout de 2 jours, un œdème et des démangeaisons apparaissent sur le bras du garçon de 9 ans. Pour l’autre enfant de 8 ans, c’est la retouche du tatouage qui a provoqué la dermatite. A son retour en Italie 10 jours après la première application de henné noir, des lésions suintantes et des cloques surviennent. « Généralement, la dermatite prend une forme particulière reflétant le tatouage », décrivent les pédiatres.

     

    Source : Panfili, E.; Esposito, S.; Di Cara, G. Temporary Black Henna Tattoos and Sensitization to para-Phenylenediamine (PPD): Two Paediatric Case Reports and a Review of the Literature. Int. J. Environ. Res. Public Health 2017, 14, 421.

     

    Sensibilisés à vie

    Les différents examens révèlent la présence du paraphénylènediamine, et confirment aux médecins la cause de cette réaction cutanée. Les enfants ont eu besoin de 4 semaines de traitement pour réduire les lésions. Les antihistaminiques par voie orale et les crèmes à base de stéroïdes n’ont pas permis d’effacer les cicatrices laissées par ce tatouage.

    Les pédiatres ajoutent que ces enfants désormais sensibilisés à cette substance sont plus à risque que les autres de réagir à nouveau à cet allergène. Or le paraphénylènediamine est présent dans de nombreux objets comme l’encre, les colorants textiles ou encore les teintures capillaires. « Au vu du nombre important de sources d’exposition, il est très difficile pour les personnes sensibilisées de complètement y échapper, et de ce fait limite les choix professionnels », relèvent les auteurs de l’étude.

    Préférer le henné naturel

    Face à la recrudescence de ces cas, notamment chez les enfants et les adolescents, les dermatologues recommandent d’éviter absolument le henné noir, et lui préférer sa version naturelle. Après deux heures d’application, le dessin apparaîtra orange et virera au marron dans les jours suivants. Selon le renouvellement de l’épiderme, le tatouage peut durer 3 à 4 semaines. Et avec lui, il n’existe pratiquement aucun risque infectieux ou allergique.

    Donc pendant vos vacances, fuyez les artistes de rue qui vous proposent un beau tatouage très sombre, ceux qui vous proposent une application très rapide en quelques minutes ou un tatouage qui durera très longtemps car cela signifient qu’ils utilisent du henné noir.

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    JDF