Développée par l’armée américaine

La seringue à éponges, une arme contre l’hémorragie

L'armée américaine a mis au point un dispositif permettant d'injecter dans la blessure des petites éponges pour stopper l’hémorragie. Utilisée en médecine de guerre, la technique pourrait être adaptée aux hémorragies du post-partum.

  • Par Afsané Sabouhi
  • Rafiq Maqbool/AP/SIPA
  • 16 Avr 2014
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    Elle s’appelle XStat, c’est une grosse seringue de 3 centimètres de diamètre remplie de 92 petites éponges expansibles ressemblant à des comprimés. Les éponges sont injectées au coeur de la blessure, leur expansion remplit la cavité et fait pression sur la source de l'hémorragie, la stoppant en une quinzaine de secondes. L’Agence américaine du médicament, la FDA, a autorisé cette semaine la commercialisation de cette seringue d’un nouveau genre « permettant un contrôle rapide de l'hémorragie pour stabiliser un blessé avant son transport ».

    Issue d’un programme de recherche du Pentagone

    Ce sont les forces spéciales de l’armée américaine qui sont à l'origine du projet. Les pertes de sang massives sont en effet l’une des principales causes de décès au combat. Un quart de ces décès sont considérés comme potentiellement évitables et dans neuf cas sur dix, ils sont dus à une hémorragie massive. « L'hémorragie est la principale cause de mort sur le champ de bataille et l'une des formes les plus difficiles à endiguer (...) est celle qui provient de blessures profondes sur lesquelles il est impossible d'appliquer un garrot ou de faire pression manuellement », a expliqué à l’AFP le Dr Anthony Pusateri, responsable du programme de recherche sur les hémorragies au Pentagone.

    Comme un kit de réparation de pneus creuvés

    L’armée américaine a donc accordé une bourse de 5 millions de dollars à la start-up médicale RevMedX en 2009 pour mettre au point le système, pensant à l'origine à un système similaire à celui des kits de réparation rapide pour les pneus crevés. «On a commencé avec de la mousse expansive, des gels, aucun ne marchait, ils étaient expulsés sous l'effet de la pression sanguine. C'est un collègue qui a eu l'illumination en pensant aux petites capsules pour enfants qui se transforment en dinosaures géants une fois plongés dans l'eau. On a décidé d'utiliser des éponges comprimées et ça a marché du premier coup ! », raconte John Steinbaugh, le directeur du développement de RevMedX. Chaque éponge, d'un centimètre de diamètre, est couverte d'un produit hémostatique, c’est à dire freinant l’écoulement du sang et d'un marqueur la rendant visible aux rayons X pour éviter de l'oublier dans la blessure une fois refermée.

     

    Bientôt adaptée pour les hémorragies de l’accouchement

    L'armée américaine a déjà commencé à passer commande et plusieurs armées étrangères s’intéressent à cette nouvelle seringue. Et cet outil est susceptible de révolutionner non seulement la médecine de guerre mais aussi l’obstétrique. La Fondation Bill et Melinda Gates a accordé l’été dernier un nouveau financement à la start-up américaine. L’objectif est d’adapter la seringue à éponge pour pouvoir l’utiliser dans les hémorragies du post-partum. L’Organisation mondiale de la santé estime que 14 millions de femmes sont exposées chaque année à cette complication grave de l’accouchement, fatale pour 1% d’entre elles. En France aussi, l’hémorragie du post-partum reste la première cause de mortalité maternelle au cours de la grossesse.

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    JDF