Expérience aux Etats-Unis

Vaccination : parler entre parents pour lever les doutes

Des chercheurs américains ont fait appel à des parents pour lutter contre l’hésitation vaccinale. L’approche est efficace et a fait reculer les réticences.

  • Par Audrey Vaugrente
  • vverve/epictura
  • 14 Avr 2017
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    Quatre Français sur dix doutent de la sécurité des vaccins. L’Hexagone est le champion du monde de la méfiance, mais les Etats-Unis sont eux aussi en proie à l’hésitation. Comment réconcilier les citoyens avec ce médicament ? L’institut Kaiser Permanente parie sur le marketing social pour répondre aux ligues anti-vaccinales. En s’appuyant sur les parents d’enfants scolarisés, il a été possible de faire reculer les soupçons de certains. Les résultats de cette expérience originale sont publiés dans Health Promotion Practice.

    Une approche en douceur

    Certains parents expriment des doutes vis-à-vis de l’intérêt ou de la sécurité des vaccins. C’est l’hésitation vaccinale. Elle peut les pousser à retarder la date de l’injection pour leur progéniture, voire ne pas consentir à l’acte du tout. Une décision qui peut être lourde de conséquences : plusieurs enfants sont récemment décédés de maladies comme la diphtérie pour lesquelles il existe un vaccin. En France, par exemple, la rougeole connaît une résurgence inquiétante.

    Les chercheurs du Kaiser Permanente ont donc tenté une nouvelle approche, s’inspirant des principes du marketing social. Ce courant a pour objectif d’amener un public à accepter un comportement dans l’intérêt d’un groupe ou de la société. Pour prêcher la bonne parole, des parents ont été mis à contribution.

    La méthode n’a rien de vraiment sorcier : chaque parent recruté – plus de 200 au total – a pour rôle de parler des bienfaits de la vaccination avec ses pairs, sur le terrain de l’école ou sur les réseaux sociaux. L’approche est moins agressive et, semble-t-il, mieux perçue par les autres parents.

    Moins d’idées reçues

    Recourir aux parents est efficace, au vu des résultats. Avant l’intervention, qui a duré trois ans, 23 % des parents hésitaient quant à l’intérêt de la vaccination. A son terme, ils n’étaient plus de 14 % à exprimer de tels doutes. A l’inverse, la part de participants qui jugent les composants sûrs progresse.

    Les idées reçues ont aussi évolué sur un plan concret. Ainsi, moins de parents considèrent qu’il est plus bénéfique pour l’enfant de tomber malade que d’être vacciné. De même, ils sont moins nombreux à affirmer que les vaccins sont injectés à un âge trop précoce.


    Les réticences restent minoritaires, ces travaux le confirment. Or, l’objectif de l’expérience était de « de contrebalancer l’effet des messages anti-vaccination, très présents, qui ne reflètent pas le fait que la plupart des parents vaccinent leurs enfants et font confiance aux vaccins », rappelle Clarissa Hsu, qui signe l’étude.

    Mieux informés, les parentss se montrent aussi plus ouverts. A l’issue de l’étude, ils étaient donc plus nombreux à connaître la couverture vaccinale au sein de l’établissement de leur enfant. Celle-ci a progressé. Mais les chercheurs le reconnaissent, il est possible que la survenue d’épidémies au cours du suivi explique aussi en partie ces résultats.

    Décoder l’immunome pour améliorer les vaccins

    L’immunome. Voilà un terme peu familier au langage français. Il pourrait pourtant se démocratiser. C’est ce qu’espèrent les chercheurs du Human Vaccines Project et de l’université Vanderbilt (Nashville, Etats-Unis). Ce 11 avril, ils ont annoncé un partenariat avec la société spécialisée dans le séquençage génétique, Illumina. L’objectif est de décrypter l’ensemble des processus génétiques impliqués dans le système immunitaire, le fameux immunome.

    Les chercheurs tenteront d’abord d’identifier les récepteurs des lymphocytes B et T, ainsi que leurs variations selon les individus. Des informations précieuses pour comprendre les réponses immunitaires mais aussi le développement des maladies. « Cela permettra le développement de vaccins et immunothérapies très ciblés, contre des infections et des maladies non-transmissibles », s’avance James Crowe Jr, directeur du Centre des vaccinations de l’université Vanderbilt.

    Retrouvez l'émission L'invité santé de Pourquoidocteur
    Avec le Pr Alain Fischer (Hôpital Necker-Enfants malades)

    Diffusée le 24/02/2017 :

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