Forme active de la coenzyme Q10

L’ubiquinol, une molécule aux vertus antioxydantes

L’ubiquinol est souvent utilisé comme anti-âge (coenzyme Q10). Son usage pourrait bien devenir médical au vu de ses nombreux bienfaits.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Avec l'âge, le corps produit moins d'ubiquinol (MERCURY PRESS/CATERS/SIPA)
  • 04 Avr 2014
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    Il participe à la production d’énergie, au fonctionnement cellulaire, agit comme un antioxydant… L’ubiquinol est encore peu connu, mais ses effets sur le corps sont multiples. Il s’agit de la forme active de la coenzyme Q10, souvent utilisé comme anti-âge en cosmétique. Mais son usage pourrait se médicaliser, comme l’a expliqué le laboratoire Kaneka lors d’une conférence ce 4 avril.

    Cœur, muscles, fertilité…

    La coenzyme Q10 est naturellement produite par le corps et est présente dans les mitochondries. Ses vertus antioxydantes sont bien connues des laboratoires de cosmétique. Mais l’intérêt de l’ubiquinol est aussi médical : il est bénéfique pour le cœur, la récupération musculaire… et même la fertilité ! « Un certain nombre d’études ont été réalisées pour des indications pathologiques ou physiologiques, comme dans le sport de haut niveau, des pathologies sérieuses comme l’insuffisance cardiaque, ou en prévention des effets indésirables musculaires liés aux statines », explique le Pr Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille (Nord), contacté par pourquoidocteur, qui a présenté les bienfaits de l’ubiquinol lors de la conférence. « Le nutriment du futur ? », s’interroge le laboratoire. Le Pr Lecerf se montre plus tempéré.

    Pr Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l'Institut Pasteur de Lille : « Ce n'est pas une molécule miracle, même si elle est importante. »

    Un déficit à combler

    En plus d’être produit par le corps, l’ubiquinol se retrouve dans l’alimentation. Viandes, poissons et soja en fournissent, mais très peu. Tout repose donc sur l’organisme… mais il arrive que l’organisme produit moins de cet antioxydant. Chez certaines personnes, cela peut entraîner un déficit à l’origine d’une fatigue chronique, de douleurs musculaires voire de neuropathies. Une supplémentation en ubiquinol pourrait alors soulager ces symptômes.

    Pr Jean-Michel Lecerf : « La prise d'oestrogènes, l'âge ou certaines pathologies entraînent une moindre disponibilité de la coenzyme Q10. »

    De nouvelles causes de déficit

    On est toutefois loin d’une véritable révolution thérapeutique : l’ubiquinol n’est pas remboursé, notamment parce que les études manquent pour le moment. Les travaux autour de cette molécule sont relativement récents : des équipes japonaises ont découverte le proenzyme Q10 il y a 40 ans, et l’ubiquinol n’est connu que depuis quelques années. « C’est un champ qu’on ne connaissait pas, » reconnaît le Pr Lecerf, « mais plusieurs études bien faites sont menées, et il y en aura d’autres. » D’ailleurs, la recherche est en à ses balbutiements sur le sujet : les causes génétiques d’un déficit ne font qu’être découvertes – comme le vieillissement naturel ou les mutations qui entraînent un déficit. Et de nouvelles causes environnementales émergent, comme les pilules œstroprogestative.

    Pr Jean-Michel Lecerf : « Ça a toujours existé, avec des déficits génétiques, mais il y a des situations nouvelles, comme la prise de statines qui n'a que 20 ans. »

    Pas question non plus de généraliser son usage : le Pr Lecerf se prononce en faveur d’un usage médical, avec une supplémentation pour les cas de déficit sérieux. L’ubiquinol ne manque cependant pas d’arguments. Pour le moment, aucun effet secondaire n’a été signalé, et les suppléments sont naturels : le laboratoire utilise de la levure de boulanger… mais l’ubiquinol produit est le même que celui du corps. « C’est donc une molécule naturelle synthétisée, » sourit le Pr Lecerf.

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    JDF