Mutilations génitales

Excision : une consultation toutes les heures au Royaume-Uni

Plus de 8 600 mutilations génitales féminines ont été diagnostiquées au Royaume-Uni en 2016. La pratique reste trop courante malgré l'interdiction formelle dans de nombreux pays.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Campagne de lutte contre les mutilations génitales féminines (Albert Gonzalez Farran, UNAMID)
  • 06 Fév 2017
  • A A

    Malgré l’interdiction, les pratiques continuent. Au Royaume-Uni, toutes les heures une femme est prise en charge pour des problèmes liés à des mutilations génitales. Un chiffre alarmant qu’avance Plan International UK, un organisme de bienfaisance qui lutte contre ces actes d’un autre temps. A l’occasion de la journée internationale de lutte contre ces pratiques, la mobilisation est générale. Car les lois ont beau punir sévèrement de tels gestes, leur application laisse à désirer.

    Une lourde punition

    L’an dernier, plus de 8 600 mutilations génitales féminines ont été repérées outre-Manche au sein du Service national de santé (NHS). La pratique est pourtant interdite depuis 1985 dans le pays. Si les membres de Plan International UK saluent la prise de conscience mondiale, ils soulignent aussi les efforts qui restent à accomplir. Car l’action est efficace.

    « Un projet récent conduit au Mali a réduit de 10 % la prévalence de cette pratique dans les zones où nous avons travaillé, et quatre villages l’ont totalement interdite », illustre Tanya Barron, directrice générale de l’organisation. Ce travail doit, selon elle, s’étendre aux écoles britanniques.

    La Grande-Bretagne n’est malheureusement pas isolé en matière de mutilations génitales. En France, au moins 53 000 femmes doivent vivre avec les conséquences de ce geste. Ce n’est pas faute d’avoir renforcé la loi. Depuis 2013, l’incitation à la pratique est elle aussi punie d’une forte amende.

    Les auteurs des mutilations encourent, eux, de lourdes peines : 150 000 euros d’amende, assortis d’une peine de prison qui va de 10 ans de réclusion à 30 ans si l’intervention a provoqué la mort de la victime. Les poursuites sont possibles jusqu’à 20 après la majorité de celle-ci, rappelle le site gouvernemental de lutte contre les violences faites aux femmes.



    Des conséquences à long terme

    Ces peines sont sévères mais justifiées au regard des conséquences physiques et psychologiques d’une mutilation génitale. L’Institut national d’études démographiques s’est penché sur la question. Les conclusions font froid dans le dos. En effet, une femme mutilée sur dix dit ressentir des douleurs lors de l’acte sexuel.


    Source : INED

    Les répercussions de l’excision ou l’infibulation se ressentent au quotidien. Il n’est pas rare que les victimes aient des difficultés à uriner ou ressentent une gêne à porter des vêtements. Dépression et autres troubles psychologiques sont également fréquents. La chirurgie réparatrice présente alors un intérêt réel (voir encadré). Mais sensibiliser les professionnels de santé est crucial. Car dans le monde, une mutilation sur cinq est pratiqué par une personne exerçant dans ce secteur.

    Lyon répare les femmes mutilées

    L’excision consiste à retirer une partie des organes génitaux extérieurs des jeunes filles. Cet acte, interdit en France, laisse des séquelles sur la santé physique, psychologique et sexuelle des victimes. En France, plusieurs établissements proposent une chirurgie réparatrice. C’est le cas du Centre Hospitalier Lyon-Sud, qui propose une prise en charge depuis environ 8 ans. Les demandes de contact peuvent être adressées au 04 26 73 96 24 à partir du 9 février. Ces opérations ont un impact majeur sur les victimes : 90 % se disent satisfaites de celles-ci. Un rôle d'exemple que le Haut Conseil à l'Egalité souhaite renforcer. Dans un communiqué, le HCE invite la France à « jouer pleinement son rôle de terre d’asile pour les mineures menacées d’excision ».

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF