Cardiologie

Infarctus du myocarde : la mortalité diminue en France

Au cours des 20 dernières années, la mortalité attribuée à la crise cardiaque n'a cessé de diminuer. En revanche, elle augmente chez les femmes de moins de 60 ans. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • photographee.eu/epictura
  • 13 Jan 2017
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    La crise cardiaque tue moins de Français chaque année. Une étude présentée lors des Journées européennes de la Société française de cardiologie qui se tiennent à Paris révèle qu’au cours des 20 dernières années, le nombre de victimes d’un infarctus du myocarde a considérablement baissé. Seul bémol : la proportion de femmes jeunes augmente sensiblement.

    Depuis 1995, tous les 5 ans, les cardiologues réalisent une enquête d’un mois auprès des centres français qui prennent en charge des patients atteints d’un infarctus du myocarde. Grâce à cette étude, les chercheurs peuvent dresser le profil de ces patients, comparer les modes de prise en charge et les traitements délivrés au cours de l’hospitalisation. « Nous avons également le projet de les suivre pendant 10 ans », indique à Pourquoidocteur le Pr Nicolas Danchin, cardiologue à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou (Paris) et l’un des auteurs de ce travail.

    La présente étude menée fin 2015 montre que la mortalité à l’hôpital a continué de baisser depuis 2010. Elle atteint environ 2 % contre plus de 4 % cinq ans auparavant. Comme en 2010, les victimes sont âgées en moyenne de 63 ans, soit 3 ans de moins qu’en 2000.
    Pour le Pr Nicolas Danchin, cette baisse continue est notamment liée à l’amélioration notable de la prise en charge. « Largement plus de 90 % des patients vont avoir une coronographie et bénéficier d’une angioplastie coronaire. Cela signifie que l’on traite de mieux en mieux l’artère responsable de l’infarctus », explique-t-il. L’évolution importante des traitements visant à éviter la formation de caillots, et des traitements de prévention (anti-hypertension, anti-cholestérol) a aussi permis de réduire la sévérité des crises cardiaques, voire éviter des cas. Signe que la prévention primaire fonctionne.

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    Nicolas Danchin, cardiologue à l’hôpital Européen Georges-Pompidou (Paris) : « Globalement, il y a moins de personnes hospitalisées pour infarctus du myocarde, c'est d'autant plus vrai quand on s'intéresse aux populations plus âgées... »

    Une victime sur 2 attend plus de 90 minutes

    En revanche, l’étude met en lumière des points négatifs. Le délai d’appel après les premiers symptômes augmente à nouveau alors qu’il n’avait cessé de baisser entre 2000 et 2010, passant de 120 minutes à 74 minutes.
    « En 2015, il est remonté à une durée médiane de 90 minutes, soit la même durée qu’en 2005. Cela signifie que la moitié des patients attendent 90 minutes avant d’appeler les secours et l’autre moitié appelle plus de 90 minutes après le début des symptômes », décrit le Pr Danchin. Pour les patients, cela représente une vraie perte de chances car plus ils attendent pour être pris en charge, plus le muscle cardiaque nécrose. Dès lors les conséquences à long-terme pour les victimes sauvées peuvent être lourdes.

    L’une des raisons de cette évolution négative est l’absence de campagne de sensibilisation. « Entre 2000 et 2010, il y a eu des campagnes régulières à destination du grand public sur la nécessité d’appeler le 15 lorsque l’on ressent une douleur thoracique prolongée. Mais depuis, nous n’avons presque plus vu et entendu ces campagnes ».

    Ecoutez...
    Nicolas Danchin : « Ce délai est très important car tant que vous n'avez pas appelé, vous ne pouvez pas avoir de traitement... »

    Une femme sur 3 a moins de 60 ans

    Un autre résultat préoccupe le médecin : les femmes jeunes sont de plus en plus touchées par les infarctus sévères alors que leurs aînées semblent moins concernées. « Sur les 20 dernières années, la proportion de femmes a plus que doublé. Aujourd’hui, presque 30 % des femmes hospitalisées pour une forme grave ont moins de 60 ans », rapporte le Pr Danchin. Une tendance inquiétante liée, en partie, à l’augmentation du tabagisme. En effet, une grande majorité de ces patientes jeunes admises à l’hôpital sont des fumeuses.

    En France, chaque année, plus de 120 000 infarctus du myocarde sont recensés. Pour environ 18 000 personnes, cet accident cardiaque sera fatal. Plus de la moitié de ces victimes sont des femmes. Une incidence en constante régression alors qu’elle diminue chez l’homme.

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    JDF