Moins de mutations

Grippe : une nouvelle piste pour améliorer le vaccin

Une équipe de chercheurs américains est parvenue à produire un vaccin contre la grippe plus efficace, en utilisant une nouvelle technique de culture du virus.

  • Par Jonathan Herchkovitch
  • alexraths/Epictura
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  • 07 Déc 2016
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    La lutte contre la grippe progresse. En attendant la production d’un vaccin universel, qui ne nécessiterait pas de refaire une injection tous les ans, une nouvelle technique permettrait d’augmenter les 70 % d’efficacité moyenne - parfois beaucoup moins - des vaccins actuels. Une équipe de l’université du Wisconsin (Etats-Unis) est parvenue à créer une souche vaccinale plus facile à produire, et qui devrait donner des vaccins plus efficaces. Ils publient leurs résultats dans la revue scientifique PNAS.

    Chaque année, le virus de la grippe provoque de fortes épidémies. Il serait responsable, mondialement, de 3 à 5 millions de cas graves, et de 250 000 à 500 000 décès par an. En France, ou les infections sont mieux prises en charge, elle aurait tout de même contribué en grande partie à la surmortalité de 18 500 décès enregistrée l’hiver dernier, notamment chez les personnes les plus fragiles. Dans la population générale, elle est aussi responsable de 2 à 12 millions de journées d’arrêts de travail par an, selon l’intensité de l’épidémie hivernale.

    Le temps de production, obstacle à l’efficacité

    Seul véritable solution : le vaccin. Malheureusement, le virus de la grippe mute beaucoup, et un nouveau vaccin doit être produit chaque année. En accord avec les agences de santé nationales, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décide des souches pour lesquelles seront préparés les vaccins : celles utilisées seront celles des dernières épidémies de l’année précédente. En général, il s’agit de deux variétés de la souche A, et de deux autres de type B.

    Cette production prend du temps, et lorsqu’une épidémie tardive (après le mois de mars) intervient, le vaccin pour l’année suivante sera moins efficace. Pour remédier à ce délai, l’équipe américaine a trouvé le moyen de cultiver plus rapidement les virus en utilisant des cellules de mammifères, plutôt que des œufs, comme c’est le cas jusqu’à présent.

    Moins de mutations

    Cette technique devrait aussi rendre le vaccin plus efficace, car le virus de la grippe mute moins dans des cellules que dans des œufs. Le vaccin ainsi produit immuniserait donc mieux contre les souches sélectionnées par l’OMS que ceux produits avec les techniques existantes.

    Les chercheurs ont sélectionné une base de virus se répliquant facilement et fidèlement, pour favoriser sa culture en cellules. Ils y ont attaché les gènes codant pour les protéines qui dirigent la réaction immunitaire humaine.

    « Le vaccin ne sera peut être pas encore parfait, mais il serait déjà bien mieux que ce qui se fait actuellement », se réjouit le Pr Yoshihiro Kawaoka, biologiste à l’école vétérinaire de l’université du Wisconsin et auteur principal de l’étude.

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    JDF