Nature Communication

Sommeil : le cerveau garde en mémoire les mauvais souvenirs

Les souvenirs désagréables s'enracineraient dans notre cerveau après une nuit de sommeil. Les circuits neuronaux chargés de les supprimer dysfonctionnent. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • fabianaponzi/epictura
Mots-clés :
  • 01 Déc 2016
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    Après une journée stressante ou une dispute, trouver le sommeil est quasiment impossible. Tout le monde a déjà expérimenté ces longues heures à ressasser ce qui c’est passé. Et même après avoir dormi, cette colère nous accompagne généralement jusqu’au matin. En cause : l'incapacité de notre cerveau à supprimer ces émotions négatives au cours de la nuit, suggère une étude publiée dans Nature Communications.

    Le sommeil est connu pour sa capacité à consolider les apprentissages réalisés précédemment. On dit souvent aux enfants de lire une dernière fois leurs leçons avant de se coucher pour que leur cerveau les enregistre dans la mémoire à court et long terme. Un circuit qu’empruntent également les souvenirs douloureux et émotions négatives, selon les chercheurs chinois de l’université de Pékin et Shenzhen ainsi que des neuroscientifiques américains de l’université de Stanford.


    Des souvenirs consolidés en une nuit

    Pour mettre en lumière ce mécanisme, les neuroscientifiques ont étudié 73 étudiants pendant 2 jours et deux nuits. Dans la journée, ils leur ont demandé de mémoriser une série de photos de visages neutres et agressifs. L’objectif : générer un souvenir immédiat du cliché de la personne en colère lorsqu’ils visualisent la photo neutre. Les volontaires ont ensuite essayé d’effacer de leur mémoire ces souvenirs négatifs, avant de réitérer le test le lendemain. Tout au long de ces tests, l’activité cérébrale des étudiants a été enregistrée.

    Entre ces deux journées de tests, tous les participants ont rapporté avoir passé une bonne nuit de sommeil. Mais même en dormant sur leurs deux oreilles, ils n’ont pas réussi à éliminer de leur mémoire ces souvenirs négatifs.


    Mieux comprendre le stress post-traumatique

    L’analyse de l’activité cérébrale des volontaires montre que les circuits neuronaux impliqués dans la suppression de la mémoire qui sont initialement situés dans l’hippocampe (une structure essentielle à la mémoire) se sont dispersés dans le cortex (couche supérieur du cerveau). C’est ce déplacement qui expliquerait pourquoi il est si difficile de se débarrasser des souvenirs désagréables, et ce en seulement une seule nuit.

    Ces résultats aient été obtenus avec des volontaires en bonne santé. Néanmoins, les chercheurs estiment que cette découverte pourra aider les médecins à mieux comprendre certains troubles de la mémoire comme le stress post-traumatique.

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    JDF