Substituts des phtalates

Jouets : les plastiques sans risque

Les phtalates utilisés pour assouplir le plastique dans les jouets pour enfant ont été remplacés. Leurs substituts sont a priori sans danger. Mais les données manquent.

  • Par Audrey Vaugrente
  • AChubykin/epictura
  • 04 Oct 2016
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    Hochets, jouets, peluches… Le plastique est omniprésent dans l’environnement des enfants. D’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), c’est même la principale substance portée à la bouche des enfants. Pour donner leurs jolies formes arrondies à ces divers objets, des plastifiants sont utilisés. L’Anses a évalué ceux-ci. Ils sont a priori sans risque pour la santé des tout-petits, mais l’Agence invite à la prudence : les études de toxicité sont peu nombreuses et ne statuent pas toutes dans le même sens.

    Le flou sur le DOIP

    Cette expertise s’est concentrée sur les risques liés aux jouets en plastique destinés aux enfants de moins de 3 ans. Leur situation est en effet particulière. Leur corps est encore en plein développement et ils portent souvent des objets à leur bouche. Or, les produits qui leur sont destinés contiennent de plus en plus de substances plastiques, le plus souvent du PVC. Phtalates et autres assouplissants sont ajoutés à la formule pour plus de souplesse. Mais certains sont soupçonnés de perturber les organes reproducteurs, le développement neurologique ou encore de favoriser l’obésité.

    En raison de leurs effets perturbateurs endocriniens, deux phtalates ont été interdits : le DEHP et le DINP. Quel est le bilan de leurs substituts ? Deux autres formes de phtalates ont été retrouvées dans les joués testés. Le DEP, sans effet sur le système endocrinien, et le DOIP, pour lequel les données sont insuffisantes. Sur ce dernier, l’Anses recommande d’en éviter l’usage vu l’absence d’études sur sa toxicité. La prudence prévaut.

    L’Agence se montre moins circonspecte à l’égard des autres plastifiants. La plupart ont une faible toxicité aiguë et seuls certains suscitent la méfiance. Le TXIB, par exemple, aurait tendance à irriter les voies respiratoires supérieures et les yeux lorsqu’il est inhalé. Le DINCH, lui, a des effets sur les reins reconnus à l’échelle européenne et pourrait être un perturbateur endocrinien.

    Systématiser les essais de toxicité

    Face à ces résultats peu homogènes, l’Anses recommande que des essais de migration soient systématiquement menés avant la mise sur le marché d’un produit destiné aux plus jeunes. Ils ont pour objet d’évaluer dans quelle mesure les substances peuvent se transmettre à l’enfant, et quels sont les risques associés. De tels tests devraient être inscrits dans les directives européennes, selon les experts. Le rapport devrait se prolonger avec une étude sur l’exposition plus large aux substances toxiques comme les phtalates, par l’air, les poussières domestiques et l’alimentation.

    En attendant ces résultats, l’Agence rappelle l’importance de maintenir une pression constante sur les fabricants, à l’aide de contrôles réguliers. Ils n’auront ainsi pas d’autre option que de respecter la loi, en bannissant le bisphénol A et les phtalates de certains produits par exemple.

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    JDF