85 000 articles

Recherche scientifique : les femmes toujours au second plan

Dans les laboratoires, les femmes sont reléguées aux tâches techniques ; les hommes, eux, dirigent les travaux et rédigent les articles, selon une étude.

  • Par Marion Guérin
  • pressmaster/epictura
  • 23 Sep 2016
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    Les femmes aux fourneaux… Dans le monde de la recherche scientifique, ce triste adage s’applique aussi. Une étude publiée dans Academic Medicine, la revue de l’Association des collèges de médecine américains, met le doigt sur un problème bien connu du milieu : dans les laboratoires, les femmes se chargent des tâches techniques, expérimentales, quand les hommes ont l’honneur de mener les travaux, rédiger les articles et signer les publications.

    Pour parvenir à ce constat, les auteurs ont passé en revue quelques 85 000 publications parues entre 2008 et 2013 dans les différents journaux de la revue PLOS. Dans ces derniers, les auteurs doivent en effet préciser leur contribution dans les tâches suivantes : analyse des données, conception de l’expérimentation, fourniture des réactifs, des matériaux et des outils d’analyse, réalisation des expérimentations, et enfin, écriture de l’article.

    Doctorantes à 30 ans

    Or, selon les résultats de cette étude de genre, les femmes semblent surtout dévolues aux tubes à essais, aux pipettes et aux boîtes de Pétri. Sur l’ensemble des études, elles ne représentaient qu’un petit tiers des auteurs. Par ailleurs, elles avaient 50 % de « chances » en plus de mener des expériences en laboratoire par rapport aux hommes, et ce, à compétences académiques égales.

    Dans les pages du journal Quebec Science, l’un des auteurs de ces travaux précise la portée de ces données. « Le fossé est immense, explique Vincent Larivière. Aux hommes va le plus conceptuel; aux femmes, le plus technique ». Ainsi, les tâches expérimentales ne sont pas moins importantes ou nobles que les tâches rédactionnelles ; toutefois, elles sont beaucoup plus chronophages, ce qui explique la moindre propension des femmes à produire des articles.

    Pour expliquer cela, Vincent Larivière met en avant le fait qu’à 30 ans, une fois leur doctorat en poche, les femmes s’engagent davantage dans un projet de grossesse. « Plutôt que d’aller faire un postdoctorat aux États-Unis, ce qui l’aiderait à obtenir un poste de directrice de laboratoire, elle va plutôt prendre un poste de technicienne. En général, les hommes sont plus mobiles ». Pour le chercheur, la longueur du congé maternité au Canada pourrait constituer un handicap pour les jeunes chercheuses.

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    JDF