Ecrasés, pilonnés, en surdose

Médicaments : les précautions d'emploi sont trop peu respectées

46% des patients ne suivraient pas à la lettre le mode de prescription des traitements et se mettraient ainsi en danger, selon une enquête britannique.  

  • Par la rédaction
  • GILE/SIA
  • 12 Mar 2014
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    Alors que les médicaments sont globalement prescrits pour nous faire du bien, les résultats d’une enquête britannique révèle que prendre certains traitements pourrait bien s’avérer dangereux. Non pas à cause des médicaments eux-mêmes, mais plutôt parce qu’un nombre important de personnes ne suivent pas à la lettre les recommandations de base concernant leur absorption. En effet, cette étude réalisée par la Lloyds Pharmacy, une parapharmacie en ligne, révèle que 46% des malades ne suivent pas le mode de prescription de leurs gélules, crèmes ou comprimés. Des gestes à priori anodins mais dont les conséquences pour la santé peuvent s’avérer parfois très sérieuses.

    Exposer des patchs au soleil, mettre trop crème

    « On estime que 10% des hospitalisations sont dues, d'une certaine façon, au fait que les gens ne prennent pas leurs médicaments correctement, explique Sultan Dajani de la Royal Pharmaceutical Society interrogé par le Dailymail. Dans cet article, le quotidien a fait appel à plusieurs spécialistes qui reviennent donc sur la longue liste des mésusages les plus fréquents et surtout les plus risqués pour les patients. Ils évoquent par exemple le cas des crèmes dermatologiques que les patients ont parfois tendance à utiliser en couche trop importante. Ils rappellent que des décès ont déjà été rapportés suite à des applications trop massives de crèmes contenant notamment des analgésiques. « En appliquant trop régulièrement des crèmes contenant des stéroïdes prescrites pour des problèmes comme l'eczéma, vous pouvez réellement entraîner un amincissement ou une fissuration de la peau, précise Suni Kochhar, pharmacien du site dearpharmacist.info.


    Etaler trop de crème à base d’oestrogènes et de progestérone peut également entraîner des niveaux d'hormones trop élevés et conduire à des symptômes tels que des douleurs dans la poitrine ». Enfin l’article du Daily Mail précise également que les médicaments sous la forme de patch sont également souvent mal utilisés. Notamment alors que cette forme favorise une diffusion lente et continue d’une hormone ou d’un analgésique par exemple, les gens ne sont pas assez vigilants au fait que la zone entourant le patch ne doit jamais être exposée à une source de chaleur trop importante. Or certains les exposent au soleil, ou prennent des bains chauds avec leur patch, et le risque est que cela accélère la diffusion du médicament dans l’organisme et entraîne une overdose.

    Les dangers du pilonnage des comprimés

    Mais l’un des mésusages les plus fréquents reste le fait d’écraser des médicaments généralement dans le but de faciliter leur absorption. Le problème est que les réduire en poudre avant de les ingurgiter n’est pas sans conséquence. Une étude menée récemment au CHU de Rouen montre que dans 40% des cas, pilonner un médicament risque de le rendre inefficace. « Le principal danger de cette pratique, c’est l’inefficacité du médicament, expliquait Elise Rémy, de l'Observatoire du médicament de Haute-Normandie il y a un an à Pourquoidocteur. Soit parce qu’en l’écrasant vous en laissez une peu de côté, soit parce que le principe actif du médicament ne supporte pas d’être exposé à la lumière ou à l’air. » Mais savoir à coup sûr si l’on peut écraser ou pas un médicament n’est pas simple. D’autant que dans la majorité des cas, les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas mené d’études sur le sujet. Néanmoins, il existe quelques pistes. « Par exemple, les médicaments à libération prolongée – comme certains antidouleurs - ne doivent pas être écrasés parce que c’est l’enrobage du comprimé qui leur permet d’agir pendant plusieurs heures, » indiquait Elise Rémy. Autre exemple : les médicaments dits gastro-résistants, c’est-à -dire ces comprimés qui passent l’estomac sans être altérés par les sucs gastriques, afin d’être absorbés et dissout au niveau de l’intestin. Eux aussi ne supportent pas le pilonnage. C’est le cas des inhibiteurs de la pompe à protons qui luttent contre l’acidité gastrique. En les réduisant en poudre, ils sont simplement réduits à néant.

    Pas de changement d’administration d’un médicament sans conseil

    A la suite de l’étude réalisée par le CHU de Rouen, l’Observatoire du médicament de Haute-Normandie a dressé la liste des médicaments pouvant être écrasés et des gélules pouvant être ouvertes. Si le pilonnage est prescrit ou si le doute persiste, deux options : prendre le médicament sous une autre forme, soluble par exemple, ou le substituer par un autre produit équivalent qui sera vendu en poudre ou en gouttes. Par ailleurs, un autre mésusage des médicaments consiste à le mélanger dans un jus ou dans un yaourt. Cependant là-aussi, les spécialistes mettent en garde les patients vis à vis de cette mauvaise habitude qui peut certes aider à faire passer la pilule. Ils rappellent que la dissolution de certains médicaments dans un jus de pamplemousse par exemple risque de conduire à un sous-dosage du produit. Quant aux yaourts, ils ne sont pas forcément inoffensifs : le calcium peut dégrader le principe actif du médicament.


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    JDF