Laboratoire américain

Pfizer ne fournit plus de produits pour les exécutions aux Etats-Unis

Les États américains sont désormais privés des dernières substances légales pour réaliser des injections létales. Pfizer a annoncé qu'il interdit l'utilisation de ses produits pour des exécutions.

  • Par Julien Prioux
  • rutchapong/epictura
  • 17 Mai 2016
  • A A

    Les condamnés à mort américains ne savent plus comment va leur être ôtée la vie. Le géant pharmaceutique Pfizer a en effet annoncé qu'il interdirait désormais l'utilisation de ses produits pour des exécutions. « Pfizer fabrique ses produits pour améliorer et sauver la vie des patients. Conformément à ces valeurs, Pfizer s'oppose à l'utilisation de ses produits dans des injections létales pour la peine capitale », a annoncé la société pharmaceutique dans un communiqué publié vendredi 13 mai sur son site.

    En pratique, Pfizer a précisé que la distribution de sept de ses produits sera limitée à un groupe de distributeurs et d'acheteurs qui s'engageront à ne pas les revendre à des institutions pénales. 
    Cette décision n'est pas la première du genre puisque le refus croissant du secteur de fournir ces « médicaments de la mort » a provoqué une pénurie pour les 31 États américains qui pratiquent la peine de mort. Ainsi, le nombre d'exécutions a baissé ces dernières années aux États-Unis : en 2015, 28 détenus ont été exécutés, soit le nombre le plus bas depuis 1991. Quatorze exécutions ont eu lieu jusqu'à présent en 2016, dont six au Texas.

    Le retour aux anciennes méthodes 

    Des États contournaient déjà la pénurie en se tournant vers des préparateurs en pharmacie non homologués par l'agence américaine du médicament, la FDA (1), ou encore vers des circuits clandestins à l'étranger, cela en violation de la loi fédérale. Pire, certains Etats se disent prêts à utiliser d'autres moyens d'exécution, avec un retour aux anciennes méthodes. L'an dernier, l'Oklahoma a ainsi été le premier à autoriser de faire inhaler au condamné de l'azote sans oxygène comme méthode d'exécution si les substances servant à réaliser les injections létales manquent. De son côté, l'Utah a rétabli officiellement les pelotons d'exécution dans le cas aussi où l'injection serait impossible.
    Enfin, des États n'ont pas attendu pour mener des exécutions très critiquées. En janvier 2014, dans l'Ohio (Nord), Dennis McGuire a été exécuté avec un mélange médicamenteux qui n'avait jamais été testé. Résultat, il a suffoqué pendant environ 25 minutes avant que sa mort ne soit prononcée. Lors de cette exécution, certains produits utilisés provenaient de la marque Hospira. Un groupe racheté par Pfizer l'an dernier, rappelle le New York Times...

    Les opposants à la peine de mort ont pour leur part salué l'annonce de Pfizer, qui rejoint ainsi de nombreuses autres entreprises du secteur pharmaceutique. Dans des propos relayés par l'Agence France Presse (AFP) Maya Foa, directrice de l'association anti-peine de mort Reprieve, a qualifié la décision « d'exemplaire », et souligné que plus de 25 entreprises pharmaceutiques avaient désormais pris des mesures similaires : « Cela signifie que tous les fabricants de produits pour exécution approuvés par la FDA ont pris position contre le détournement de médicaments pour des injections létales, et pris des mesures pour l'empêcher », a-t-elle conclu.

    (1) Food and Drug Administration

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF